Les damnés de la Commune : un documentaire pour ressentir

extraits du film les damnés de la commune

Nous venions à peine de boucler notre article sur le documentaire Paris 1871, la semaine sanglante diffusée sur l’INA que nous tombons sur le magnifique Les damnés de la Commune proposé par ARTE. Et très sincèrement, les deux se complètent magnifiquement : si le premier permet de comprendre, le second donne à ressentir. Et c’est absolument essentiel.

Victorine la survivante

Les damnés de la Commune s’inspire des trois romans graphiques que Raphael Meyssan a dédiés au destin de Lavalette, communard ayant vécu dans le même immeuble bellevillois que ce jeune auteur passionné et émouvant. Le film quant à lui se concentre plus spécifiquement sur Victorine, jeune femme du peuple qui s’implique corps et âme dans la Commune, depuis les prémisses jusqu’aux dernières secondes et plus encore. Survivante des massacres de la Semaine sanglante, Victorine témoignera de ce formidable élan dans ses mémoires, faisant ainsi œuvre de transmission pour les générations futures.

Un peu de lumière

La chose est essentielle : tout fut fait pour noircir le souvenir de ces deux mois de démocratie directe qui devaient servir de socle à l’accouchement du communisme. Aujourd’hui nous célébrons le 150eme anniversaire de cette période et le film de Meyssan arrive à point nommé pour apporter un peu de lumière et de chaleur sur cet épisode. S’appuyant sur des gravures d’époque qu’il anime, le réalisateur plonge Victorine dans la ferveur et le tourment de ces soixante jours de bouleversements sociaux profonds, quand Paris refuse de plier face aux exigences de l’envahisseur prussien et aux ordres d’une République profondément conservatrice.

Une rupture sociale

Le déroulé du récit, partagé entre un narrateur omniscient (formidable Simon Abkarian) et le témoignage fébrile de Victorine (Yolande Moreau, sidérante d’authenticité) nous ancre dans la réalité du Second Empire pour élucider les étapes conduisant à cette rupture sociale profonde et à l’affrontement sans merci des Français sur l’ensemble du territoire. Car Paris ne fut pas la seule à s’insurger ; Lyon, Marseille se mutinèrent également comme d’autres cités dans le pays. Tous les foyers de rébellion furent écrasés, Paris plus encore, avec ses monceaux de cadavres, ses exécutions par milliers. Femmes, enfants, vieillards … aucune pitié. Il fallait une punition exemplaire,

Le bien commun

Et pourtant … quel beau projet. En 1871, déjà la volonté de partager le fruit du travail, de considérer les femmes à l’égal des hommes, de permettre à tous d’être instruits, de posséder ses outils, de gérer en commun les entreprises. Des idées qui aujourd’hui encore nous animent et peinent se concrétiser. Mais avons-nous notion que ces ambitions datent d’un siècle et demi ? Qu’elles furent réalité deux mois durant dans cette capitale transformée en laboratoire social, prise en main par des gens du peuple sans éducation mais qui surent s’organiser, en favorisant le bien commun, la libre parole.

Vibration intérieure

Pour illustrer ces figures, Mathieu Amalric, fanny Ardant, Charles berling, Sandrine Bonnaire, André Dussolier, Anouk Grinberg, Arthur H, Félix Moati, François Morel, Denis Podalydés, Michel Vuillermoz, Jacques Weber. De grands acteurs qui prêtent leur voix, leur vibration intérieure pour transmettre la fébrilité de cette période, ses enjeux, le trouble et l’exaltation des consciences tandis que se joue l’avenir du pays, le devenir d’un modèle de société fondé sur la justice, l’équité. Les damnés de la Commune est à plus d’un titre un film d’exception. Un hommage formidable d’intensité, de justesse qui touche à la fois les esprits et les cœurs.

Et plus si affinités

https://www.arte.tv/fr/videos/094482-000-A/les-damnes-de-la-commune/

http://cineteve.com/films/les-damnes-de-la-commune/

Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.