Musée de la guerre 1870 : comprendre la racine du Mal

Loigny-La-Bataille : un petit village perdu dans les bois et les champs, entre Chartres et Orléans. Quelques maisons, des fermes, une église : un endroit tranquille. Mais on ne s’appelle pas Loigny-la-Bataille par hasard. Début décembre 1870, cette campagne était bien moins paisible : Français et Prussiens s’y affrontaient violemment. Un combat atroce dont un petit musée conserve précieusement la mémoire : le Musée de la guerre 1870.

Une synthèse de la guerre de 1870

Niché au pied de l’église, l’édifice a l’air d’une école communale. Mais dans ses salles, c’est la barbarie qui se déchaîne. Les combats furent impitoyables, partout dans le bourg, dans les bois avoisinants. Jusque dans le cimetière. Une synthèse pathétique de cette guerre éclair avant l’heure qui signa en une semaine la chute du Second Empire, la consécration de l’Empire allemand voulu par Bismarck. Et posa en germe les deux guerres mondiales à venir.

Dans ces salles d’exposition remarquablement agencées, armes, uniformes, objets jouxtent documents, photographies, peintures et cartes. L’ensemble donne à voir les différents temps de cette bataille héroïque, tout en réfléchissant sur le conflit en lui-même et le mythe qu’il alimenta par la suite. La Débâcle de 1870 laissa une plaie vive dans les mémoires, exacerbant le patriotisme et l’esprit de revanche. Pourtant, dans la crypte de l’église de Loigny, partout autour de la petite bourgade, les tombes rappellent que ceux qui tombèrent étaient avant des êtres humains.

Interactif mais humain

Parler de la guerre pour construire la paix : c’est un peu le but de ce musée qui pourrait servir d’anti-chambre à celui de la Grande Guerre à Meaux. Et dans sa conception et dans son équipement. Interactif, remarquablement scénographié, l’établissement invite même à parcourir la campagne alentour, tablette en main, pour se replonger dans la réalité sanglante de ces accrochages d’une rare agressivité. Animations, numérisations d’un côté, présence humaine de l’autre : régulièrement, des passionnés animent ces couloirs, habillés en tenues d’époque.

C’est ainsi qu’en arrivant, nous avons trouvé dans la cour du musée, devisant tranquillement en réajustant leurs uniformes, un capitaine et un colonel, moustache frisée, barbichette à la Napoléon III et sabre à la main. L’effet est d’autant plus impressionnant qu’on comprend en les observant que leur vêture était tout sauf pratique : redingote trop lourde où le rouge et le blanc attirent l’œil comme une cible, une véritable éponge absorbant boue et pluie, fourragères entravant les mouvements, pantalons trop raides… Magnifique pour la parade, fatal sous la mitraille ennemie.

Voilà le pouvoir de ce petit musée perdu dans la campagne : faire la jonction entre les dernières technologies et l’humain pour une expérience particulièrement poignante, dont on découvre l’apogée devant l’ossuaire où reposent les restes des combattants morts à Loigny-la-Bataille.

Et plus si affinités

Pour en savoir plus et préparer votre visite, consultez le site du Musée de la guerre 1870. Attention : le musée est ouvert du 5 mars au 5 novembre.

Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.