Reconstitution historique à Loigny-La-Bataille : quand les passionnés revivent l’Histoire

Journées Européennes du Patrimoine 2023: petit baluchon sur l’épaule, appareil photo en bandoulière, nous partons en goguette du côté de Châteaudun, histoire de parcourir le superbe château que Jehan Dunoy, compagnon d’arme d’une certaine Jeanne d’Arc, a eu l’heur d’y bâtir dans l’esprit le plus gothique qui soit. Cela fait, repli sur Loigny-La-Bataille, et retour au Musée de la Guerre 1870. Pour y assister à une reconstitution historique. Et y rencontrer de véritables passionnés.

Un hommage aux disparus

Des passionnés en costume, en uniforme plus exactement. Et en l’état, il y a de quoi faire vu le désordre qui régnait dans l’armée de Napoléon III. Les bataillons y pullulaient ainsi que les différents corps, depuis les commandos d’élite des zouaves («l’équivalent du GIGN» nous explique un participant) jusqu’au contingent des Gardes-Françaises. Tous furent mobilisés pour combattre l’invasion prussienne, tous y laissèrent de trop nombreuses plumes, malgré leur courage et leur pugnacité.

Cette reconstitution in situ (rappelons-le, les affrontements dans Loigny-La-Bataille et alentours durent féroces et meurtriers) est donc une forme d’hommage, une manière de se souvenir des disparus. Et de partager ce souvenir avec Monsieur et Madame Tout-Le-Monde. Un souvenir qui n’a rien de vague. Président de l’association Les Arquebusiers de l’Est, Monsieur Denis Taciak se fait une joie de nous raconter. Avec précision, avec conviction, avec émotion et fierté.

Passion et précision

Sanglé dans son uniforme de zouave pontifical, il porte beau la moustache et la barbichette, comme les militaires de l’époque. Son costume, il l’a cousu de toutes pièces, avec autant de passion que de précision. Idem pour la bannière « Coeur de Jésus » qu’il a brodée de ses mains, allant jusqu’à choisir de la soie et du velours pour respecter les textures de la bannière d’origine. Il n’est pas le seul à s’adonner à ce patient travail de costumier-archéologue.

Autour de lui, tous ont mis la main à la pâte, en s’appuyant sur les photographies et les gravures d’époque, les livres et les archives pour fabriquer leurs propres uniformes. Et les agrémenter de pièces de collection, casques, ceinturons, médailles et armes. Armes qu’ils manient avec précaution et savoir-faire, ce qui nous donne immédiatement une idée de la violence des combats et de leur caractère assourdissant : les soldats savaient que le tir était effectué non au son mais «en voyant le filet de fumée s’échappant du canon».

Transmettre la mémoire

Le canon justement : l’association en possède un (une magnifique « pièce De 4 Modèle 1858 De La Hitte » encore en état) mais il n’a pu arriver jusque-là, problème de logistique. L’ensemble est néanmoins passionnant à découvrir, tentes, paquetages, bottes, sabres : un bivouac complet et fonctionnel, tous ont dormi là, à la belle étoile, la nuit précédente. Les explications, les démonstrations sont aussi captivantes, depuis les arcanes de l’uniformologie jusqu’au quotidien des troupes en passant par la stratégie militaire pour ouvrir sur le Second Empire en général, et aborder le règne de Napoléon III sous un jour moins critique, plus objectif.

Mais pourquoi ? Pourquoi venir s’enterrer un week-end dans la campagne beauceronne, en costume et en mode camp militaire 1870 ? Par passion mais encore ? L’une est étudiante en histoire, l’autre avait un aïeul officier durant cette période, le troisième adore les armes, le quatrième a été initié par son père. Tous veulent transmettre cette mémoire, pour qu’on n’oublie pas, pour éviter de refaire les mêmes erreurs. Quitte à sillonner toute la France et au-delà, pour participer aux commémorations ou porter la bonne parole historique devant des élèves pas forcément attirés par la chose. Mais qui se retrouvent fascinés au bout de quinze minutes. «Et si derrière, un seul de ces gamins ouvre un livre pour en savoir plus, alors on a tout gagné».

1000 mercis et plus encore à Mr Denis Taciak qui nous a accueillis avec beaucoup de gentillesse, a pris du temps pour nous expliquer, nous guider, partager avec nous. Un moment humain particulièrement enrichissant.

Et plus si affinités

Pour en savoir plus sur Loingy-La-Bataille, consultez le site du musée de la Guerre 1870.

Pour découvrir l’action des Arquebusiers de l’Est, visitez le site de l’association.

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com