Dans la splendeur feutrée de la toute nouvelle École Van Cleef & Arpels, l’exposition Bijoux de scène de la Comédie-Française aborde une dimension peu connue de l’art du théâtre : la place du bijou sur scène. Hommage scintillant au rôle des parures dans le jeu scénique, le bijou apparaît ici comme un acteur à part entière, qui dialogue avec les costumes, reflète le statut et l’âme des personnages. Un élément incontournable pour le dramaturge, le metteur en scène et l’acteur.
Ornements et extensions
L’essence même du théâtre repose sur l’illusion : quoi de plus fascinant donc que d’aborder cet art millénaire du fictif par la magie et la symbolique du bijou ? À travers les siècles, l’art dramatique a magnifié son univers par des costumes somptueux, des accessoires superbes. Dans cette dimension artificielle, les bijoux dépassent le cadre de l’ornemental pour s’imposer comme des extensions : ils soulignent le pouvoir, la séduction, l’innocence des personnages qui les arborent, tels des éléments distinctifs de leur rang et de leur caractère. Quoi de mieux pour explorer cette alchimie entre scène et bijou, que de le faire en convoquant deux institutions légendaires, la Comédie-Française et Van Cleef & Arpels ?
Instants de théâtre
L’exposition propose un voyage à travers différentes époques de la Comédie-Française, mettant en scène des bijoux iconiques portés par les plus grands noms du théâtre. Chaque pièce, méticuleusement choisie et présentée, incarne un moment de grâce, un instant de théâtre figé dans le temps. Que ce soit la parure imposante d’une souveraine de tragédie ou les boucles scintillantes d’une jeune ingénue de Molière, chaque bijou s’imprègne de l’émotion du personnage, rendant palpable le dialogue entre la matière précieuse et la dramaturgie.
Émotions et intrigues
On s’attardera notamment sur les diadèmes arborés par Rachel dans ses différentes interprétations de Phèdre. « Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent ! » Couronnes royales par excellence, ces parures incarnent la pression du pouvoir, la situation impossible d’une héroïne broyée par des passions que ce même pouvoir lui interdit de vivre. Le bijou incarne soudain les conflits intérieurs, les élans de l’âme ; ils constituent une clef de compréhension des émotions et des intrigues tout en relevant de techniques de fabrication pointues. Ainsi, les diadèmes de Rachel opèrent la synthèse entre une vision magnifiée de l’Antiquité et les codes vestimentaires du XIXeme siècle.
Ornements de stars
Les bijoux présentés donnent à voir l’évolution de l’esthétique scénographique, la difficile quête d’un vraisemblable impossible à cerner : restituer l’exactitude des bijoux grecs n’est pas le but. Stanislavski n’est pas encore passé par là avec son désir de théâtre vérité calqué sur les exigences naturalistes. Il faut « faire grec » sans pour autant être dans la véracité historique. D’où le travail d’élaboration effectué par des orfèvres. Parfois ils manipulent le faux, parfois, ils travaillent de véritables gemmes, quand par exemple ils forgent les bijoux d’une star comme Sarah Bernardt, star qui affirme son état de vedette en étalant des ornements somptueux.
Bijoux de scène de la Comédie-Française ne se contente donc pas de dévoiler des trésors, elle nous rappelle que le théâtre est un art total, où chaque élément – costume, décor, musique et bien sûr, bijou – participe à la magie de la représentation. Pour les amoureux de théâtre, de mode, et d’artisanat, cette exposition est une invitation à aborder l’art dramatique sous un prisme inédit. C’est une véritable ode à la beauté, à l’élégance, et à l’histoire, où les bijoux révèlent leurs secrets, scintillant de mille feux sous les projecteurs de l’imaginaire.
Pour en savoir plus, consultez le site de l’École des Arts Joailliers Paris – Grands Boulevards.
Et plus si affinités ?
Vous avez des envies de culture ? Cet article vous a plu ?
Vous désirez soutenir l’action de The ARTchemists ?