Profession : reporter… dur dur d’être un présentateur !

Initialement intitulée The Newsreader, la série australienne Profession : reporter déboule sur les petits écrans anglo-saxons en 2021 pour nous raconter les coulisses d’un journal télévisé au mitan des années 80. Et cela ne manque pas de sel !

Un véritable microcosme

Au cœur de ce trépidant récit, une présentatrice en vue, Helen Norville, et un jeune reporter, Dale Jennings. Elle souffre de troubles anxieux, il est indécis sur ses attirances, il n’en demeure pas moins qu’ils sont tous les deux talentueux, amoureux et bien décidés à gravir les échelons dans cet univers ultra-machiste où il ne fait pas bon être une femme ou un homosexuel. Face à eux, une rédaction un brin léthargique, un directeur en mode boxeur, un présentateur vedette qui ne veut pas lâcher son titre malgré son grand âge et ses soucis cardiaques.

Et puis, il y a les petites mains : une petite assistante fine et ingénieuse, un ancien sportif un brin lourdaud, mais tout à fait à l’aise quand il s’agit de commenter les matches, un rédac chef sur le fil du rasoir, un cameraman vif et observateur, une maquilleuse souriante qui connaît tous les ragots… bref un véritable microcosme, avec ses flirts, ses alliances, ses complicités, ses secrets, ses dégoûts. Des humains qui ont beaucoup de mal à cohabiter, mais qui font front quand il s’agit de saisir un scoop et d’évoquer l’Actu avec un grand A.

Esclave de l’audimat

Et c’est là que la série monte d’un cran. Car tout ce petit monde va devoir gérer des crises majeures, depuis l’explosion de la navette Challenger et le passage de la comète de Halley à l’épidémie de sida en passant par l’affaire Lindy Chamberlain, la catastrophe de Tchernobyl, les attentats de Melbourne. Autant de moments clés tragiques, qu’il faut annoncer au public, images à l’appui et infos vérifiés au cordeau, s’il vous plaît. Or déjà dans ces années 80, les fake news sont légion. Nous ne sommes pas encore à l’heure des réseaux sociaux, c’est l’heure de la télévision triomphante.

Mais la petite lucarne, petit à petit, devient l’esclave de l’audimat. Pour capter un maximum de spectateurs, tous les coups sont permis, et pas les plus glorieux. On va jouer sur l’émotionnel, les grands sentiments, les biais cognitifs, chaque mot est pesé, chaque allusion calculée. Tout est bon pour racoler le public. Tous le savent dans cette rédaction où l’équilibre entre information objective et le sensationnel est précaire. Les séquences où Helen (Anna Torv) enseigne à Dale (Sam Reid) comment poser sa voix, comment positionner son corps, les intentions, les sentiments à transmettre à l’auditoire en disent long sur ce théâtre audiovisuel qui ne dit pas son nom.

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En six épisodes troussés avec dynamisme et beaucoup de pertinence, Profession : reporter fournit un cours concis, mais très clair sur la bascule des médias vers une nouvelle manière de traiter l’information. Recherche des sujets, manière de les aborder, approche synthétique sans véritable analyse de fond, tout y est. La première saison est captivante. Une seconde est actuellement sur les rails et ce n’est rien de dire qu’on l’attend avec impatience.

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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