La Meute saison 2 : la vengeance des lionnes ?

La première saison vous avait sacrément secoué.es ? Je vous l’annonce de suite, le second volet de La Meute ne va pas non plus vous ménager. Pire : on monte d’un cran dans la traque de La Jauria et ce n’est pas fait pour nous apaiser, bien au contraire.

La Meute est toujours active

Nous retrouvons donc Olivia, Elisa, Clara, Celeste, Sofia, Blanca… toutes les héroïnes de la première saison n’en sont pas sorties indemnes, loin de là. L’une sous tranquillisants, l’autre chez le psy, la troisième en taule, les autres en fuite, dans la clandestinité, en choc post-trauma… Mais toutes avec la conviction chevillée au corps que La Meute est toujours active, enracinée dans l’ombre de prédateurs bien plus dangereux encore.

Confirmation avec la disparition de trois gamines durant une rave party ; on en retrouve une morte sur la plage, l’autre réapparaît complètement défoncée par une drogue inconnue mais particulièrement dangereuse. La troisième manque à l’appel. Olivia, Clara et Elisa vont de nouveau faire front pour la retrouver. Pour les aider, un collectif de hackeuses, le papa de la gamine disparue (un ex-guerillero), Javier, le collègue et l’amant d’Olivia, ainsi que son fils, Gonzalo.

Une belle brochette de salopards

Face à eux, une belle brochette de salopards made in le patriarcat triomphant, militaires réchappés du règne Pinochet, politiciens en devenir, data-analystes aux dents longues : tous riches, tous blancs, tous anti-féministes, homosexuels, gauchistes, intellectuels. Bref, de pures émanations de l’ultradroite prête à tout pour faire triompher sa perception du monde, y compris en favorisant le rapt, le viol, la torture, le meurtre.

Premières cibles à atteindre : ces dames, dont l’émancipation leur reste en travers de la gorge. Seulement, il y a désormais un hic. Ces dames ne veulent plus du tout se laisser faire, et s’il faut se défendre à coup de flingue, elles n’hésiteront pas. Du coup, la donne change sensiblement. De brebis, nos donzelles toutes générations confondues se transforment en lionnes, et elles ont la dent dure. Il est temps de faire le ménage, même si cela a un coup particulièrement lourd à supporter.

Un projet politique abject

Voici donc les grandes lignes d’une saison 2 haletante comme il se doit, et où on frémit à chaque seconde. C’est que nos rebelles ont face à elles un système fortement enraciné jusqu’aux sphères du pouvoir les plus élevés, les plus secrètes. Corruption à haute échelle, collusion avec des intérêts étrangers, La Meute n’est pas qu’un simple jeu vidéo pour incels en mal d’affirmation de soi. Il y a derrière un projet politique et sociétal proprement abject, fasciste, disons le mot.

La question est : comment freiner cette mise en place ? Comment sensibiliser une population visiblement manipulée par les médias, et qui a autre chose à faire que de se mobiliser pour préserver des libertés qu’on lui retire petit à petit ? La question est d’autant plus centrale, qu’au moment où j’écris cet article, cette droite ultraconservatrice décrite dans la série vient de s’imposer comme la première force politique chilienne à l’issue du scrutin du 7 mai 2023.

La radicalisation en marche

Diffusée en 2021, La Jauria 2eme volet anticipait-elle ce retour ? Il est clair que la série du couple Puenzo a tout de l’avertissement. S’en prendre aux femmes n’est qu’un premier stade dans la volonté de reprise en main d’une communauté désireuse de liberté, d’égalité et d’ouverture. Derrière la femme, c’est la militante qu’on veut terroriser, rayer de la carte. Et les hommes de main de La Meute ne vont pas s’en priver, inaugurant une spirale de violence qui leur échappe. C’est aussi cela qui transparaît dans ce nouveau chapitre : la radicalisation en marche, la victime qui se défend puis attaque, transformant l’agresser en gibier à traquer. La frontière entre le recours légal et la lutte armée est très fine, vite franchie, à l’occasion d’une opération d’infiltration qui dérape par exemple.

Autre point fort de la série : la montée au combat des jeunes, dans les deux camps. Et la prise de conscience que même dans la faction conservatrice, ce sont ces dames qui tirent les ficelles, transformant ces messieurs si sûrs de leur pouvoir en simples pions qu’on peut sacrifier selon ses intérêts. Bref, les choses sont bien plus complexes qu’il y paraît. Une complexité qui prend naissance dans le passé torturé du pays. Un passé que la jeune génération cherche à éclairer, certains pour l’assumer, d’autres pour l’expier. Le message de La Meute est clair : sans comprendre son passé, sans en panser les blessures, on ne peut construire un avenir serein. Ce qui est sûr, c’est que les camps opposés sont irréconciliables. Trops de morts, trop de brutalité, trop de cynisme et d’hypocrisie.

Comment alors survivre ? En fuyant ? En se cachant ? En opérant dans l’ombre ? La Jauria 2 soulève le problème de manière spectaculaire, prouvant au passage que le féminicide n’est pas qu’un crime, c’est aussi une méthode politique. Et c’est le plus effrayant.

Et plus si affinités

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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