À l’avant-garde : Jason Limon / Jinn Olasmo

Janus Biffrons, cela vous dit quelque chose ? Ce dieu latin au double visage, l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir ? Une gymnastique complexe, mais si naturelle, que Jason Limon / Jinn Olasmo (vous avez saisi l’anagramme ? Le Monsieur est visiblement joueur) revendique pourtant comme une double identité créative sans laquelle il n’existerait pas. Gros plan donc sur ces deux facettes artistiques d’un même peintre.

Jason Limon, vanités ludiques

Ouh là, qu’ils sont joueurs, les petits squelettes de Jason Limon. S’amusant avec des constructions de papier, des boites à musiques, leurs globes oculaires rieurs empalés sur des bâtons comme des sucettes, leurs membres décharnés se dépliant comme des poupées de cartons, des patins farceurs.

Noir, ocre, vert amande, turquoise, bordeaux, teintes passées, supports usés, les vanités ludiques de Jason Limon sont autant de souvenirs d’enfance à la fois drôles, malicieux et angoissants. Omniprésente, la mort ici s’amuse : avec nous ou de nous ? Les deux probablement.

Absent, sure, exposed, repeat, goddbye… comme autant de révélations agaçantes et douloureuses chuchotées discrètement à nos oreilles, des mots se cachent dans les replis de ces énigmes visuelles. Chaque terme exprime une facette de l’anxiété chronique, le mal-être qui oppresse, le doute qui corrompt…

Ainsi, Jason Limon revisite la Vanité, cette invitation esthétique à repenser le sens de sa vie, à l’ombre d’une mort certaine bien sûr, mais dont on ne sait encore rien, et qui s’enracine dans notre statut même d’être vivant, enfant d’abord, progressivement adulte, mais qui, toujours et jusqu’à son dernier souffle traînera le poids du doute.

Jinn Olasmo, peintre hyperréaliste et rocker dans l’âme

Quand il n’est pas Jason Limon, Jinn Olasmo renoue via son art avec les souvenirs d’une jeunesse texane encore très présente dans sa mémoire et dans sa vie. Un quotidien qu’il dépeint dans des tableaux d’un réalisme saisissant où transparaissent son amour de la musique, son besoin de calme et d’ordre, ses émotions passés à l’écoute de certaines mélodies.

Une boite de raviolis posée en équilibre instable sur un radio cassette, une jeune femme arborant un t-shirt Bauhaus, écoutant son walkman presque religieusement, des Doc Martens usées, un chat noir posant devant une affiche représentant Abraham Lincoln, des livres sagement posés dans une bibliothèque au milieu de bibelots… Comme Jason Limon, Jinn Olasmo est un obsédé des détails, détails dont il révèle l’évolution au fil de ses publications Instagram.

Nous découvrons ainsi la lente gestation de “Electric Blue For Me” dont il dit : «It’s the first one I did tied to music and it represents a little part of me when I was younger: a few cassettes I had on repeat back then. The Erasure one is somewhat embarrassing, but I still listen to the others sometimes »(c’est le premier tableau lié à la musique ; il représente une petite partie de moi quand j’étais plus jeune ; quelques cassettes que j’écoutais en boucle à l’époque. Celle d’Erasure est un peu embarassante mais j’écoute encore les autres de temps en temps).

En quête de souvenirs sonores, de Madeleines de Proust, de cette adolescence chargée de moments doux ou durs, mais qui façonnent l’adulte en nous : avec beaucoup de justesse et de pudeur, Jinn Olasmo retient le passé au fil de son pinceau, avec en tête ces mélodies témoins d’un temps où tout était moins compliqué, moins incertain peut-être ?

Et plus si affinités

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Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.