Nightmare Alley : quand Guillermo del Toro raconte l’aventure cauchemardesque de Stanton Carlisle

affiche du film Nightmare Alley de Guillermo del Toro

19 Janvier 2022, le film Nightmare Alley débarque dans les salles obscures. Adapté du roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, ce thriller réalisé par Guillermo del Toro raconte l’histoire de Stanton Carlisle, escroc mentaliste sans scrupules, qui va braver tous les obstacles pour gagner fortune et statut social, quitte à se brûler les ailes.

Une descente aux enfers

Bien que long et un brin prévisible dans son déroulement, ce film mérite notre attention. Avec Nightmare Alley, le réalisateur de Cronos, Mimic, L’échine du diable, Blade 2, Hellboy, Le labyrinthe de Pan, La forme de l’eau, Creamson Peak renoue avec cet univers obscur, ésotérique et satirique qu’il affectionne, pour montrer par quelle mécanique mentale le rêve américain peut se transformer peu à peu en cauchemar. Il s’agit bien sûr d’une véritable leçon de vie. Dans une société capitaliste qui pousse à tout faire pour gravir les échelons, amasser de l’argent et du pouvoir, tirons un enseignement de la descente aux enfers de Stan qui, après avoir fréquenté l’élite new-yorkaise, retombe dans les bas fonds du cirque, pour devenir ce qu’il méprisait le plus : un paria, un freak, un monstre de foire.

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La manipulation des êtres

Guillermo Del Toro nous montre implicitement que l’argent ne doit pas être le moteur de la réussite. Cette dernière doit avant tout se nourrir de principes humains, l’humilité, l’honnêteté,le goût du travail, la patience, le respect d’autrui dans sa différence. Même dans la malhonnêteté, il y a des limites, des seuils à ne pas franchir : qui est bon, qui est mauvais ? La thématique est récurrente dans sa filmographie, comme le questionnement de ce qui fait la monstruosité humaine ou sa grandeur. En 2021, à l’ère des fake news, de la manipulation de l’information, du complotisme, Guillermo del Toro ajoute une réflexion sur la manipulation des êtres : au travers des séquences de violences physiques, sociales, verbales, psychologiques que le récit enchaîne, il ancre son œuvre dans un contexte bien plus contemporain qu’il n’y parait.

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Des ressentis contradictoires

Nightmare Alley interroge la manière dont notre rapport à la vérité est obscurci ou éclairé via nos émotions. La sensorialité y est essentielle : le récit, les images, le jeu d’ombres et de lumières nous enveloppent, nous intriguent, stimulent notre curiosité, notre intellect jusqu’au dernier moment, dans un flot de ressentis contradictoires. Dans un décor old school aussi glauque qu’esthétique évoquant les films noirs de l’âge d’or hollywoodien, les acteurs livrent une performance incroyable. Bradley Cooper dans la peau d’un Stanton Carlisle torturé et manipulateur, Cate Blanchett, intrigante et dangereuse dans le rôle de la psychologue Lilith Ritter. Autour d’eux, Rooney Mara, Toni Collette, Willem Dafoe, l’incontournable Ron Perlman… Touchants, pathétiques, ils côtoient le meilleur et le pire, et nous partageons leurs épreuves comme leurs joies dans un effet de mimétisme inquiétant.

Mitsuku ALCE

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