La femme qui pleure au chapeau rouge : Picasso en téléfilm… Dora Maar en héroïne ?

La femme qui pleure au chapeau rouge : si le titre du téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe évoque un tableau phare de Picasso, c’est parce qu’il retrace la passion tumultueuse du grand peintre avec le modèle de cette toile, Dora Maar. Dora Maar qui est de fait la véritable héroïne, la victime consentante de cette tragédie intime.

La passion et la destruction

Scène après scène, nous découvrons les mécanismes d’une œuvre gigantesque, en rupture avec les codes d’alors et qui ouvre la voie à l’art contemporain. Cette œuvre magistrale prend corps dans la passion et la destruction. C’est que Pablo Picasso est loin d’être calme et linéaire dans ses rapports. Les dames qui l’entourent en font les frais ; il enchaine les liaisons, imposant parfois à ses maîtresses de se fréquenter, ce qui n’est pas de tout repos, et provoque bien des affrontements, des détresses affectives. Dora Maar, créatrice, photographe, peintre également, devient la Muse de cet homme hors pair, à ses risques et périls.

Un artiste vampirique

Elle l’épaulera, l’inspirera. Nous voyons leur rencontre, leur amour, leur désir, leur collaboration, leurs jalousies, leurs contradictions, leur rivalité aussi : elle l’amène à peindre Guernica, le photographie pendant tout le processus de création. Elle le suit, le subit, le déteste, lui résiste. Lui survit. Laissée à moitié folle par leur séparation, elle seule aura la résistance nécessaire pour tenir après son départ. Après sa mort. Les autres ne pourront en dire autant, qui pour certaines se suicideront. Après avoir vécu dans l’ombre de l’artiste adulé, vampirique.

Muse à risques

Porté par un Thierry Frémont sidérant dans son interprétation habitée (le regard, la ressemblance sont hallucinantes), le film prend toute sa valeur dans la figure d’une Dora Maar magistralement incarnée par une Amira Casar que nous voyons lutter contre la folie qui doucement la submerge. Elle aussi est saisissante dans l’allure, l’accent, l’intensité du jeu. S’il n’évoque que rapidement les bases du surréalisme, la condition des artistes pendant l’Occupation ou le travail de créatrice de Dora Maar, La femme qui pleure au chapeau rouge s’interroge avec beaucoup de justesse sur la place de la Muse dans la vie d’un artiste. Et les risques qu’elle encourt.

Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.