Film : Les Chats persans – Bahman Gobadhi – 2009

Ce n’est un secret pour personne, le vent de liberté qui souffle actuellement sur le Moyen-Orient est intimement lié à l’essor des réseaux sociaux et d’Internet dans son ensemble. Mais, notre boulot sur The ARTchemists étant quand même de parler avant tout de culture, il m’est apparu important et intéressant de rappeler que cette contestation populaire a vécu sa première expression au travers de l’art. Pour illustrer ce propos, j’utiliserai le film Les Chats Persans.

Le droit de jouer du rock

Sorti en 2009, ce petit bijou était cantonné à un public averti et passionné de grands espaces au vu des paysages, magnifiques, mais aussi et surtout de musique, et non des moindres puisqu’il s’agit de rock’n roll. Nommé au Festival de Cannes 2009 dans la catégorie « Un Certain Regard », ce film, réalisé clandestinement par Bahman Gobadhi dans les rues de Téhéran, retrace l’histoire de deux jeunes Iraniens qui luttent pour leur liberté.

Sauf qu’il n’est pas ici question d’une liberté « classique » : on pourrait imaginer qu’ils revendiquent le droit de voter librement… Non, ils ne cherchent qu’à obtenir le droit d’écouter la musique qu’ils veulent, de la jouer, et de pouvoir en vivre. Mais le gouvernement de leur pays persiste et signe dans un courant de pensée qui n’a lieu d’exister qu’à leurs yeux en prohibant purement et simplement cette activité.

Une tension palpable

Frontmen du groupe Take it easy hospital, Negar Shaghaghi et Ashkan Koshanejad jouent le rôle de leur vie, en s’inspirant de leur quotidien et de celui de leurs amis… Bahman Gobadhi, le réalisateur, a su intégrer dans le film la sensation de peur qui habitait l’ensemble du staff au moment des prises d’images. Le film a été tourné en 17 jours, presque sans repérage, et filmé sur des mobylettes à travers Téhéran. Pour détourner la censure, Gobadhi a dû se cacher, utiliser les passe-droit qu’avaient d’autres réalisateurs, etc… Et ça se sent.

La tension est palpable, le désir de s’en sortir omniprésent. Les restrictions dont la population iranienne fait l’objet sont difficilement croyables et donnent du sens à cette oeuvre. Negar et Ashkan courent après un seul et unique but tout au long du film : partir à Londres. Pour pouvoir y jouer, et se faire un nom. Pour pouvoir dire ce que toute une génération pense. Pour créer comme un cri en faveur d’une libération de l’esprit.

Ce film est une leçon de vie et de courage, mais aussi une découverte, une prise de conscience : à l’heure où, dans notre bon vieil Hexagone, la culture, bien précieux, est libre et accessible, il existe des pays dans le monde où la musique est bannie par le gouvernement, pas en raison des textes (ce qui est déjà une forme de censure intolérable) mais uniquement à cause du style. Le rock indépendant est dangereux. Le saviez-vous ?

Lenny ROYER

The ARTchemists

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