Exposition Hey Part II : l’art, ce si joli monstre …

Hey Part I était fort. Hey part II est magistral. Une deuxième gifle monumentale, sonore et délicieuse sur la joue d’un art contemporain endormi dans ses torpeurs mondaines, ses redondances de style, sa croute de poussière bien pensante. Exit les fausses audaces à peine corrosives que j’avais repérées de loin en loin dans les allées de la FIAC. En conviant Anne et Julien pour orchestrer ce nouveau chapitre, Martine Lusardy, directrice des lieux, abat une nouvelle carte et non des moindres, se positionnant résolument à l’avant-garde de cette forme d’expression trop peu reconnue en France.

Peu de galeries d’art spécialisées, pratiquement pas de collectionneurs, un marché de l’art frileux devant des artistes hors normes, qui opèrent en dehors des circuits consacrés, autodidactes pour la plupart, quand ils ne sont carrément pas en milieu psychiatrique pour certains représentants de l’art brut si controversé : en nous apportant cette énorme bouffée d’air esthétique, le binôme Halle Saint Pierre/ Hey ! ouvre une boite de Pandore artistique. Et c’est tant mieux.

On ne change pas une formule gagnante. Aussi vous trouverez au rez de chaussée les ténèbres d’un cabinet de curiosités où sommeillent les créatures biomécaniques de Giger, les freaks morts vivants de Witkin, les tableaux votifs, colorés et martyres de Joe Coleman, les collages de Handiedan tandis qu’à l’étage dans un flot de lumière, vous accueillent les poupées meurtrières de Mariel Clayton, les crânes de Jim Skull, les lapins angéliques de Paul Toupet.

L’un de mes gros coups de cœur que cette myriade d’anges néo baroques, putti maléfiques et polymorphes qui veillent Le Gisant du sculpteur, représentant sa mort symbolique et sa renaissance artistique : un marquage dans sa carrière et un an de boulot pour préparer cette installation spécifiquement pour l’occasion. Je pourrais aussi vous parler de Serajat, dessinateur belge des 60’s, obsédé de délires sadiques où des starlettes aux formes voluptueuses subissent des perversions dignes du Wizard of Gore de Herschell Gordon Lewis, avec un sourire et une radieuse lassitude de stars blasées de tout ; sa seule expo déclencha un véritable scandale et fut démontée au bout de 24 heures. Aujourd’hui Hey 2 ! rend honneur à ce fabuleux dessinateur, le sortant de l’oubli et de l’opprobre pour lui offrir ses lettres de noblesse.

Je pourrais également citer Masami Teraoke, véritable Clovis Trouille japonais, ou Stéphanie Lucas, virtuose ambidextre qui déroule les méandres d’un enfer aux frontières de Brueghel, Bosch et la peinture balinaise. Je pourrais relever le caractère à la fois sombre, tortueux et ironique, sans interdits, de ces expressions multiples, qui ne doivent rien à personne, et n’ont pour objectif que de sortir du cerveau des créateurs pour s’afficher en concret par le medium de l’art. Je pourrais …

61 artistes, de pays, d’époques, de domaines différents, convoqués en ces lieux par deux passionnés, viscéralement convaincus qu’il est temps de les mettre en exergue et de leur reconnaître la place qui leur revient. Je pourrais … Mais c’est encore Anne qui en parle le mieux. Une petite tornade vêtue de rouge, couleur du bonheur, sereine et dynamique à la fois, qui passe d’un artiste à l’autre, en bonne hôtesse, accumulant les interviews en cette matinée de vernissage presse. Enfin nous nous captons, nous enfuyons dans les entrailles de la Halle, profitant de la pause clope pour nous rencontrer, nous entretenir. Au calme, dans le silence.

Anne au taquet qui embraye direct sans même que j’ai le temps de la présenter, et qui me parle, m’explique. Claire, concise. Convaincue.

Retour sur un parcours, une passion, un projet. Une action.

L’expo se tient jusqu’au 23 août 2013, allez-y, il ne faut jamais louper les transversales de l’art, c’est là que naissent les génies.

Merci à Anne pour ces explications.

Merci à Thibault, Fredéric et Romain – la team presse – qui m’ont accueillie.

Et pardon, pardon chers artistes, je n’ai pas pu tous vous citer. Ce n’est que partie remise ;-).

Et plus si affinités

http://www.hallesaintpierre.org/la-halle/

http://www.heyheyhey.fr/fr

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com