L’Éternaute : neige apocalyptique sur l’Argentine

The ARTchemists Leternaute

Elle fait partie des séries qui ont bousculé nos écrans cette année : avec L’Eternaute, le réalisateur argentin Bruno Stagnaro adapte la bande dessinée d’Héctor Germán Oesterheld et Francisco Solano López (1957‑59). L’occasion de prouver que les USA n’ont pas le monopole du genre, et que ce dernier, une fois de plus, sert à introduire une réflexion poussée sur notre société.

La neige qui tue

Buenos Aires : un soir d’été. Chacun vaque à ses occupations, qui une balade en mer, qui une partie de cartes. Soudain plus d’électricité. La nuit noire s’abat sur la capitale, bientôt striée de petits éclats blancs. De la neige. Une neige qui tombe drue, recouvre tout et semble tuer à l’instant celles et ceux qui ont le malheur de s’aventurer à l’air libre.

Juan Salvo et ses amis, piégés dans la demeure de l’un d’entre eux, sont confrontés à ce cauchemar. Quid des proches, des épouses, des enfants disséminés un peu partout dans la ville ? Quid de la survie dans un univers à l’arrêt par manque d’énergie ? Quid de la violence qui s’installe progressivement dans cette atmosphère de rivalité ?

Faire face

De fil en aiguille, nous voyons ces rescapés prendre la mesure de la catastrophe, trouver des parades pour sauver leur peau. Le groupe fait face, avec des frictions, des coups de gueule. Ce sont des amis, ils sont complémentaires, se font confiance. Ils se retroussent les manches, s’adaptent au froid polaire, au manque de ressources, à l’absence de communication.

Et affrontent l’extérieur, en quête d’autres survivants. Des survivants, il y en a mais pas forcément aussi amènes que nos héros, ni aussi désireux de faire corps pour affronter l’inconnu. Car inconnu il y a, qui va s’avérer épouvantable, dévorateur. Une épreuve, une ordalie. Un basculement dans une autre dimension.

Fantômes, spectres et démons

Si vous détestez les grosses bestioles, évitez la série, vous pourriez y laisser votre santé. Idem si la perspective d’une société glissant dans l’aveuglement fasciste vous révulse. Parce que c’est de cela qu’il s’agit au final. Une communauté dont les démons extrémistes n’ont pas totalement été exorcisés avec la chute de la junte militaire et qui ne demandent qu’un bouleversement pour reprendre du service de la pire des manière.

Fantômes de la guerre des Malouines, spectre de la dictature, l’esprit de la bande dessinée initiale n’est pas loin. Le sens du sacrifice, la nature de la violence, la fragilité humaine dans l’extrême s’opposent avec la quête de pouvoir, l’opposition des égos, la barbarie à l’œuvre. Pour incarner ces personnages issus du commun, Ricardo Darín, Carla Peterson, César Troncoso, Andrea Pietra, Aron Park … un casting d’excellence tout en nuances et en tension, qui déploie son talent dans le décor oppressant d’une ville dévastée.

Les temps forts ne manquent guère dans cette première saison menée sur une cadence infernale. On attend le second volet de cette descente aux enfers avec une impatience rare, tant le premier chapitre est de qualité.

Et plus si affinités ?

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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