Press movies : quand le grand écran scrute le journalisme en action

The ARTchemists Press Movies

Avec la gamme complète d’articles sur la mise en scène du scandale du Watergate via cinéma et séries que nous venons de vous lâcher, on a déjà bien éclusé le sujet. Mais c’est toujours bon d’en remettre une couche, vu que très régulièrement, nous chroniquons des presse movies, un genre qui, pour être honnête, ne cesse d’inspirer scénaristes, réalisateurs et producteurs.

Press movie : le journaliste, héros du quotidien

Donc, les journalistes font partie de la famille des héros du petit et du grand écran au même titre que les flics, les cowboys, les soldats ou les super-héros. Et s’ils sont plus discrets, les reporters sont tout aussi redoutables. Le cinéma journalistique, ou press movie, tire sa force de frappe de ces récits vécus dans 99 % des cas, constituant ainsi un genre de récit à part entière qui met en scène correspondants de guerre, chroniqueurs, rédacteurs en chef, photographes de terrain

Leurs armes ? Stylos, carnets, magnétos, Nikon, portables, ordis pour les versions plus modernes … et dans tous les cas, une obsession assumée pour la vérité. De Citizen Kane à Spotlight, ces films racontent des enquêtes fictives ou réelles, menées contre vents, marées… et pressions politiques. Ce faisant, ils nous montrent que le journalisme peut être un terrain de suspense, de danger, de conscience et de pouvoir.

Du pouvoir de la presse au pouvoir du film

Le genre trouve ses racines dans l’âge d’or hollywoodien, avec des œuvres comme His Girl Friday (1940) ou le mythique Citizen Kane (1941), qui questionne le rapport entre média, ego et manipulation. Mais c’est dans les années 70, avec notamment le scandale du Watergate évoqué plus haut, que le genre prend une tournure plus grave, plus réaliste, plus politique.

Le film-pivot de cette embellie ? Les Hommes du Président (All the President’s Men, 1976) bien évidemment. Réalisé par Alan J. Pakula, avec Robert Redford et Dustin Hoffman dans les rôles de Woodward et Bernstein, il relate avec une précision documentaire l’enquête du Washington Post qui fit tomber Nixon. La mise en scène est austère, tendue, rigoureuse. Le journalisme devient ici un acte de résistance.

Les fondamentaux du press movie

Ce petit bijou de cohérence pose les fondamentaux du genre, à savoir :

  • Le protagoniste journaliste, idéaliste, tenace, parfois désabusé, mû par la quête de vérité et de justice, confronté à des dilemmes moraux.
  • La réalité comme socle ; la majorité des press movies s’inspirent de faits réels (pédocriminalité dans Spotlight, mensonges d’État dans Pentagon Papers, scandale du Watergate, etc.)
  • Une mise en scène sobre, cadrages serrés, intérieurs de rédactions, dialogues nombreux, téléphone omniprésent. Le spectaculaire est dans l’information, pas dans les explosions.
  • Le rythme du réel : contrairement au thriller classique, le press movie assume les lenteurs d’une enquête journalistique : vérifications, impasses, obstacles légaux, pressions…

Un cinéma politique et éthique

Ce genre interroge les liens entre presse et pouvoir, liberté d’informer, manipulation médiatique, censure, autocensure. À travers ses récits, il pose des questions essentielles :

  • Où est la frontière entre vérité et influence ?
  • Jusqu’où peut-on aller pour faire éclater un scandale ?
  • Le journaliste est-il un justicier ou un témoin ?

À ce titre, des films comme Spotlight (2015) de Tom McCarthy ou The Post (2017) de Spielberg viennent prolonger cette tradition, en insistant sur le rôle crucial des rédactions dans une société démocratique.

Pourquoi ce genre compte aujourd’hui

À l’heure des fake news, du complotisme, des médias sous pression financière et politique, et de la défiance croissante envers les journalistes, le press movie rappelle que la quête de vérité est un combat. Ce genre défend l’idée que l’information est une arme démocratique, et que ceux qui la cherchent — souvent dans l’ombre — méritent autant d’être célébrés que les héros de guerre.

C’est ainsi l’occasion de rappeler que la profession est aussi exigeante que dangereuse. Journalistes et lanceurs d’alerte sont redoutés, donc traqués. Ils risquent leur probité, leur liberté, leur peau. Par ailleurs, ils doivent respecter la déontologie de leur profession à la lettre. Et travailler parfois avec des moyens rudimentaires, sans ordi ni portables. A l’ancienne. Avec leur tête, leur intelligence, leur bon sens. Leur flair.

Quelques incontournables du genre ?

Comme je vous l’expliquais en intro, des press movies, on en a éclusé plus d’un. Voici une petite sélection pour vous mettre en jambe. Après, notre liste est loin d’être exhaustive, aussi n’hésitez pas à chercher par vous-même d’autres pépites. Bon visionnage !!!!

Et plus si affinités ?

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Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !