Carmen à Rouen : retour minutieux à l’esprit de 1875

The ARTchemists Carmen Opera De Rouen

Toujours dans le cadre des 150 ans de Carmen, tournons nos regards vers l’Opéra de Rouen Normandie qui mise sur une reconstitution méticuleuse de la première version de 1875 : mêmes décors peints, costumes d’époque conçus par Christian Lacroix, mise en scène de Romain Gilbert, c’est un véritable retour aux sources esthétiques de l’opéra de Bizet que nous découvrons-là.

Une fidélité presque patrimoniale

Épaulé par le Palazzetto Bru Zane (centre de musique romantique française), le projet s’appuie sur des recherches précises : plans, croquis, livret, indications scéniques originales… l’objectif est de recréer à l’identique la toute première représentation d’une Carmen promise au succès que l’on sait, mais qui passera initialement par la case scandale.

L’intention ? Sinon ressentir les émotions vécues par le public parisien au soir du 3 mars 1875, du moins mesurer l’écart qui s’est creusé entre les spectateurs d’alors, qui hurlèrent au scandale et à la provocation, et ceux d’aujourd’hui qui assistent religieusement à cet opéra devenu emblématique. C’est vraiment qu’il y a de quoi s’interroger sur la mutation des mœurs.

Un charme d’époque assumé

Le spectacle mise sur une authenticité un brin exotique. Décors d’époque (Antoine Fontaine), lumière chaude (Hervé Gary), costumes chamarrés (signés Christian Lacroix dont on sait les influences et la rigueur), chorégraphies folkloriques, l’atmosphère plante une « Espagne imaginaire » riche en couleurs et qui a tout de la toile de Goya, du récit de voyage de la nouvelle originelle de Mérimée.

L’occasion de savourer ce charme désuet et romantique certes, mais surtout de redécouvrir une Carmen pur jus, et de méditer sur la manière dont nos aïeuls envisageaient l’opéra, la représentation et l’Ailleurs à une époque où le tourisme de masse n’existait pas, la mise en scène non plus.

Distribution et musicalité

Deepa Johnny, Stanislas de Barbeyrac, Nicolas Courjal, Iulia Maria Dan dans les rôles principaux, Ben Glassberg à la direction de l’Orchestre de Rouen Normandie, accompagné des chœurs Accentus et de la Maîtrise du Conservatoire : le casting est beau et à la hauteur du défi.

Il permet de faire ressortir les particularités de la Carmen d’origine, une héroïne miséreuse mais habillée avec soin, des attitudes surjouées, un côté mélodramatique, presque kitsch, propre à la conception du spectacle qu’on avait du temps de Bizet.

Cette version de Carmen est une véritable leçon de patrimonialité : elle replace l’œuvre dans son contexte originel, invite à la découverte des codes scéniques du XIXᵉ siècle, et offre une immersion historique rare. Elle se tourne vers un public en quête d’une expérience authentique et respectueuse de l’héritage. À l’inverse de l’approche conceptuelle de Homoki, c’est une lecture qui questionne l’évolution des attentes du public.

Et plus si affinités ?

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Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.