The Studio : « movies, movies, movies !!! »

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affiche de la série The Studio

Matt Remick est un cinéphile convaincu, passionné. Fraîchement nommé à la tête de Continental Studios, il accomplit son rêve, enfin : produire des films dignes, des films de qualité, des films d’art… Vœu pieux : dans un monde obsédé par les franchises et les IP rentables, son ambition va vite battre de l’aile. Voici le pitch du savoureux, de l’excellent, du jouissif The Studio. N’en faites pas l’économie, ce serait péché !

La survie du cinéma hollywoodien

La série, co-créée par Seth Rogen, Evan Goldberg, Peter Huyck, Alex Gregory et Frida Perez, s’impose d’emblée comme une comédie à la fois crue et érudite sur la survie du cinéma hollywoodien à l’heure du tout Netflix. Dès l’épisode 1 (« The Promotion »), elle pose les enjeux : la réalisation d’un film sur la boisson Kool‑Aid, irrésistible marronnier ou cauchemar marketing ? Avec à la clé, la récupération/désintégration du projet pour le moins ambitieux mais très concurrentiel d’un certain Martin Scorcese (caméo pour lequel le célébrissime réalisateur a été nominé aux Emmy Awards en tant qu’acteur).

Petites lâchetés et gros arbitrages

Voilà : The Studio c’est ça. Une série complètement folle, débordante d’amour pour le cinéma, désespérée face à la multiplication des projets de merde faits pour faire du fric facile et où les caméos déjantés sont légion (rien que Zoe Kravitz en train de planer, ça vaut le détour). Épisode après épisode, c’est le portrait d’un Hollywood lessivé, obsédé par sa gloire passée, la quête de fric, et le CinemaCon qui transparaît. Petites lâchetés et gros arbitrages, léchages de fesses, coups tordus et langues de putes : Seth Rogen et ses acolytes ne laissent rien passer, s’amusant au passage de ce cirque où l’art, l’audace sont bradés sans pitié par les commerciaux. Pourtant les bonnes idées ne manquent pas qui nous mettent en haleine : Scorcese réalisant un film sur le massacre de Jonestown, rien que ça donne envie.

Cynisme et espoir

Critique au vitriol de l’industrialisation du cinéma écartelé entre franchise, placement produit et mondialisation : une caricature ? Non car chaque image déborde d’un amour sincère, profond pour le cinéma, Hollywood à son heure de gloire. Jusqu’à la dernière seconde, Matt Remick et sa team se battent pour éviter la casse, faire en sorte qu’un peu de talent, de qualité, d’originalité subsistent dans ce lavage de crane créatif, ce laminage par le bas. L’ensemble est frénétique et tendre à la fois, dur et drôle. Cynique mais plein d’espoir. Avec en filigrane un message à nous tous adressé : spectateurs, c’est à vous d’être exigeants. De vouloir des films, encore, toujours, des bons films, des films en dehors des codes : « movies, movies, movies ! »

Un grand cri d’amour

Des films justement, auxquels Rothen rend hommage, films noirs, films d’action, films poétiques, drames romantiques, dingueries tarantinesques, tout y passe, y compris la référence au sublimissime Las Vegas Parano dans un dernier épisode dantesque où le casting se surpasse dans la démesure : Seth Rogen donc, Catherine O’Hara, Kathryn Hahn, Ike Barinholtz, Chase Sui Wonders, Bryan Cranston … à leurs côtés, jouant leur propre rôle avec une délectation communicative, Dave Franco, Ron Howard, Charlize Theron, Steve Buscemi, Zac Efron, Adam Scott et j’en passe. La fresque ainsi tracée est saisissante d’énergie, d’originalité (le générique, le choix des musiques, les cadrages, tout est délectable). Un grand cri d’amour pour le 7eme art tel qu’on l’aime et qu’on voudrait tant préserver.

Et plus si affinités ?

Vous avez des envies de culture ? Cet article vous a plu ?

Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !