Signé Dumas : mais au final qui a écrit “Les Trois mousquetaires” ?

pièce de théâtre Signé Dumas

27 juillet : gong de fin pour le festival d’Avignon 2022, et signal du retour sur Paris pour la team d’Opsis TV. Nous étions partis pour faire un point sur les spectacles captés durant ces deux semaines de théâtre intensément vivant assorti d’interviews et autres rencontres… sauf qu’en visitant la plateforme, nous sommes tombés sur Signé Dumas. Que nous avons visionné. Que nous avons adoré ! Et pour cause !

Dumas et Maquet

Écrite par Cyril Gely et Eric Rouquette, mise en scène par Tristan Petitgirard, la pièce Signé Dumas se situe dans le bureau d’Alexandre Dumas, niché dans cet adorable château d’If que nous avons tant admiré en visitant le parc du château de Monte-Cristo. D’un coup, d’un seul, nous avons vu Dumas prendre corps devant nous, s’animer dans ce décor qu’il avait tout spécialement conçu pour y écrire. Pour y écrire ? C’est justement là la question et le problème.

Car dans cette salle d’inspiration gothique et orientaliste, on trouve aussi Auguste Maquet. Le secrétaire de Dumas ? Son bras-droit ? Son collaborateur ? Ou celui qui rédige à sa place pendant que le célèbre auteur se roule dans le foin avec de complaisantes femmes d’aubergistes ? Jusque-là, le binôme fonctionnait à merveille, mais quand tombe la première réplique de ce spectacle particulièrement prenant, nous sommes en 1848 et Louis-Philippe vient de fuir face à la colère de la populace.

Un affrontement d’une violence incroyable

Reclus dans son havre de paix rédactionnel, Dumas l’éclatant, le bon vivant, le sanguin, apprend la nouvelle avec effarement, avant de décider d’en être. Il dicte alors un message à Maquet : une lettre adressée à tous les Français où il soutient ouvertement la duchesse d’Orléans, potentielle repreneuse de la couronne déchue, avec dans l’idée d’hériter d’un portefeuille de ministre. Et là, un fait incroyable : Maquet refuse de finir cette missive, dont il redoute les funestes retombées dans ce climat insurrectionnel.

Maquet, jusqu’à présent obéissant, docile sous les moqueries et les critiques de son imposant patron, lui prêtant de l’argent, même s’il sait le caractère dépensier de ce panier percé… Maquet se rebelle. Et Dumas se prend ce refus en pleine face, tel un soufflet. Commence alors un affrontement d’une violence incroyable, où la question de la propriété intellectuelle d’une œuvre s’impose comme un moyen de pression, où chacun va tenter de déstabiliser l’autre, par le bon sens, par l’affect, par la menace. Aucun n’en sortira grandi et le répertoire du grand Dumas nous apparaît progressivement sous un jour nouveau beaucoup moins chevaleresque.

Un face à face drôle mais cruel

Car l’histoire ici racontée est vraie, et aujourd’hui encore, on ne sait lequel des deux a enfanté tous ces titres emblématiques de la littérature française. La passe d’arme verbale entre ces deux duellistes révèle des visages peu amènes, un grand auteur en perte de vitesse qui veut continuer à briller malgré tout, un rédacteur de l’ombre qui mise sur un nom fameux pour enraciner sa carrière dans son ombre et s’y enrichir en secret. Lequel des deux est le père de tous ces ouvrages ? Celui qui pense le schéma global ou celui qui le couche sur le papier ? Celui qui signe ou celui qui rédige ? Les deux peut-être, qui ne font qu’un ? Mais quand ils se désolidarisent, qu’en est-il de l’avenir ?

Le conflit était pourtant latent ; mais c’est la déraison grandiloquente de Dumas qui met le feu aux poudres. Pour interpréter cet ouragan, Xavier Lemaire, incroyable de présence, de vibration, glorieux par les mots, charmeur, manipulateur, insultant, égocentrique, écrasant, parfait dans ce rôle d’idole menacée, outragée, dévoratrice. Face à lui, Dany Sardou, son antithèse complète, discret, effacé, inféodé en apparence, mais pétri de bon sens, raisonnable, logique, visionnaire, décidé, ne reculant pas d’un pouce. Un bourreau de travail, un excellent stratège, homme d’affaires redoutable sous ses airs de timide. Le face à face sera mémorable, drôle parfois, cruel et sans pitié, inexorable.

Et plus si affinités

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com