Henry Lee Lucas – Parole de tueur : trop de confessions tue la confession

henry lee lucas the confession killer

Désolée pour le trait d’ironie, mais c’est le sentiment qui ressort de cette série documentaire dédiée au sanglant parcours du tristement célèbre Henry Lee Lucas. Tueur en série patenté, inscrit au panthéon des assassins pervers et multirécidivistes avec à son actif des centaines de meurtres avoués le sourire aux lèvres et avec force détails. Seulement voilà : c’est tellement énorme que ça en devient inepte … et probablement faux. C’est l’objectif du true crime Henry Lee Lucas – Parole de tueur aka The Confession Killer que de mettre en évidence ces aberrations.

A lire également : Ted Bundy : autoportrait d’un tueur … attention aux confessions qui n’en sont pas ?

Un meurtrier prompt à l’aveu

Avec une conséquence évidente : Lucas ne serait pas l’assassin qu’il prétend être. En cinq épisodes passionnants, les réalisateurs Robert Kenner et Taki Oldam retracent l’histoire de ce meurtrier si prompt à l’aveu, du moment qu’on lui parle gentiment et qu’on lui offre des friandises. Une aubaine pour des enquêteurs désireux de boucler des dossiers trop compliqués et de faire exploser leurs taux de réussite afin de briller devant les média et légitimer leur action. Quitte à souffler les réponses à leur suspect, lequel s’empresse de restituer ces informations durant ses auditions, pour se construire une image de serial killer mythique, rompu à tous les modes opératoires excepté le poison, confesse-t-il avec malice.

Une arnaque de grande envergure

Problème ? Eh bien, plus ça va, plus ça devient irrationnel, incohérent, farfelu, ubuesque. Ces confessions ne tiennent pas la route dès qu’on opère des recoupements, qu’on confronte les preuves, qu’on compare les plannings. Ce que des familles de victimes vont réclamer haut et fort, tandis que des avocats, des procureurs, des policiers démontent ce qu’il faut bien appeler une arnaque de grande envergure sur fond de combat des institutions, avec au cœur de la fraude un corps des Texas Rangers sûr de son bon droit, mais absolument pas crédible. Et une cascade de meurtres finalement non élucidés, avec des assassins toujours en liberté, bien protégés par les aveux d’un pauvre mec en quête de reconnaissance.

A lire également :Night Stalker : mais qui était vraiment Richard Ramirez ?

Un true crime réussi

La démonstration, alimentée d’interviews, de témoignages, d’archives, est d’une rare efficacité, et rappelle par sa qualité, l’excellent Making a murderer. Netflix, une fois de plus, s’impose dans ce genre si délicat du true crime réussi, n’hésitant pas au passage à faire exploser un mythe. L’analyse est également très intéressante pour saisir les rouages de cette fabrique médiatique du contentement qui mène au consentement (petit clin d’œil à Noam Chomsky) jusqu’à ce que quelqu’un enfin dise non … et se retrouve face au rouleau compresseur d’institutions qui n’admettront jamais qu’elles ont fait n’importe quoi, et surtout pas rendre justice.

Et plus si affinités

Vous pouvez visionner les cinq épisodes de la série documentaire Henry Lee Lucas : parole de tueur sur Netflix.

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com