
Août. Les villes se vident, les silences s’allongent, les esprits s’échauffent. Les nuits sont trop chaudes, les pensées trop pleines. On voudrait tout lâcher, mais tout reste accroché. Alors on écoute. On cherche les failles dans les rythmes, les soupirs dans les synthés, les cris retenus derrière les refrains. Cette semaine, la musique suinte la tension et le vertige. Elle tremble, elle flotte, elle frappe.
Les 10 artistes à l’honneur :
Nico Amara – « L’Ora Vuota »
Un spoken word italien murmuré/susurré sur fond de beat lancinant. Une prière moderne, lente et hypnotique. La voix de Nico Amara claque comme un murmure sec. On pense à la solitude des métropoles, au spleen romain, à une colère qui mijote. Fascinant.
Edgär – « Enemy »
Edgär : duo français, électro-pop tendue. Une chanson de rupture, mais sans plainte : juste le constat lucide du poison. Voix feutrée, basse qui tord le ventre, refrains qui cognent avec élégance. L’ennemi, c’est l’intérieur.
They Call Them Savages – « Ravenous »
Bête féroce. Ce morceau de They Call Them Savages déboule comme un fauve. Rock sombre, guitares tranchantes, énergie brute. Ça suinte l’angoisse contemporaine, la rage canalisée en cri froid. Un hymne pour survivants nerveux.
Bliss My Heart x Cliff Estatoff – « Sinner Sinner »
Électro dark-pop, duo intense, esthétique goth chic. Le combo Bliss My Heart x Cliff Estatoff offre un chant d’errance nocturne, entre damnation sensuelle et battement d’alarme. Mélancolique et charnel. On aime se perdre dedans.
Parcels – « Yougotmefeeling »
Retour au chill lumineux, funk doux et voix planante avec Parcels. Mais derrière les paillettes, une certaine langueur. Un morceau qui sourit les yeux mouillés. Parfait pour un after en slow motion, à 5h du mat’.
Still Corners – « Summer Nights »
La bande-son d’un rêve qui se dissout. Doux, éthéré, presque irréel. La nuit d’été prend ici la texture d’un souvenir trop beau pour être vrai. C’est beau, triste, sublime. C’est Still Corners.
Cate Le Bon – « Heaven Is No Feeling »
Pop expérimentale, guitare anguleuse, étrangeté maîtrisée. Cate Le Bon brise les formats et déplie ses émotions à contretemps. Une chanson qui ne cherche pas à plaire mais à troubler. Mission accomplie.
Salarymen – « Let Me Go »
Indie pop énergique, ultra propre mais pas lisse. Salarymen, c’est une demande de liberté chantée avec le sourire. Riffs efficaces, voix qui claque, et un refrain qu’on chantonne en courant vers la sortie.
Astéréotypie – « Cheese bad girl »
Poésie brute, texte parlé sur rock distordu. Inclassable, bizarre, jouissif. Astéréotypie, ce sont des uppercuts verbaux dans un écrin noise. Ici, ça dérange, et ça fait du bien.
Lord Huron – « Bag of Bones »
Western spectral. Guitare surf, voix sépulcrale, ambiance crépusculaire. Le morceau de Lord Huron sent la poussière, le désespoir élégant, les fantômes du désert. Un final parfait, lent et obsédant.
En bref :
- Pour danser doucement au bord du gouffre : Parcels, Salarymen
- Pour vaciller entre colère et vertige : Nico Amara, Edgär, They Call Them Savages
- Pour hanter l’été comme un mirage : Still Corners, Cate Le Bon, Lord Huron
- Pour frapper les murs intérieurs : Bliss My Heart, Astéréotypie.
Bon appétit à vos oreilles et à la semaine prochaine, pour d’autres secousses.
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