Pétanque ! À Marseille, le musée capte l’art de vivre à pieds tanqués

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affiche de l'exposition pétanque à Marseille

On la croit carte postale, mythologie de pastis et de platanes. Faux. Au Musée d’Histoire de Marseille, la pétanque devient un prisme : histoire sociale, gestes, codes, territoires. Intégrée au parcours permanent, l’exposition Pétanque ! déroule cinq espaces — introduction, histoire, “pétanque et société”, sortie, puis un extérieur avec terrain — et pose une évidence : ici, on ne “joue” pas seulement, on fabrique du lien.

Un folklore remis en contexte

Au cœur du dispositif : les images de Hans Silvester. Dans les années 60–70, le photographe de l’agence Rapho saisit le jeu provençal et la pétanque comme on capte une danse — concentration, tactique, poids des corps, silences avant l’envoi. Le musée expose ce corpus marseillais, resserré, élégant, qui raconte la ville par ses rythmes du quotidien plus que par ses grands récits officiels.

La scénographie mixe photos, affiches, dessins et objets patrimoniaux : boules de mail et de pétanque, santons, souvenirs du Mondial La Marseillaise, tout un folklore… mais désamorcé, remis en contexte. Ce que l’on voit surtout, c’est une pratique urbaine qui infuse la cité : après le travail, sur la plage, au pied des barres, aux concours des bars de quartier. La présence d’archives (par exemple les plaques de verre d’Édouard Cornet, vers 1909–1910) enfonce le clou : la pétanque n’est pas un cliché récent mais une longue mémoire des gestes.

Une micro-politique du commun

Le parcours rappelle aussi l’écosystème marseillais : la Fédération, l’entreprise La Boule Bleue, la grande-messe du Mondial… Bref, une filière, une économie, une fierté locale revendiquée. À l’échelle du musée, l’idée est claire : traiter la pétanque comme un “vrai sujet historique et sociologique”, pas comme un simple folklore régional. La ligne tient : le propos est documenté, appuyé sur des recherches, et le ton reste populaire — à l’image du jeu.

Point fort : la manière dont l’exposition fait sentir que jouer “à pieds tanqués” organise l’espace public. Le terrain de fortune, tracé à la craie, devient agora. Les rituels (qui pointe, qui tire, qui commente) dessinent une micro-politique du commun. C’est ce que le parcours parvient à faire passer sans lourdeur, en tressant ethnologie, culture pop et photo. On ressort avec une grille de lecture de la ville : la pétanque comme art de vivre, outil d’inclusion, fabrique de voisinage — loin de la nostalgie figée.

Pour en savoir plus et préparer votre visite, consultez le site des Musées de Marseille.

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Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.