Minuit Machine : la darkwave comme dans un bain de chrome tiède

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Une ligne de basse glaciale, un beat qui tape sec comme une claque dans une cave berlinoise, une voix qui tremble à peine, mais qui saigne beaucoup. Minuit Machine nous engloutit dans la darkwave comme dans un bain de chrome tiède. On danse certes, on s’exorcise un peu au passage. Parce qu’avoir mal, c’est quelque part prouver qu’on est vivant ?

Le point de départ : deux meufs, une machine

L’histoire commence en 2013, quelque part dans les bas-fonds de la scène coldwave française. Hélène de Thoury (ex-Phosphor, future Hante.) cherche une voix. Elle poste une annonce. Amandine Stioui répond. Deux cerveaux, une âme commune : celle de la nuit électronique. Très vite, Blue Moon, premier EP, pose les bases : son synthétique, minimal, lyrics au scalpel, poésie désespérée, glamour charbonneux.

Live & Destroy : premier uppercut

2014 : Live & Destroy déboule. Coup de poing dans le circuit. Ça sent l’underground européen, les clubs moites, les afters en ruines. La voix d’Amandine plane entre Siouxsie et une Patti Smith sous opiacés. Les nappes de synthé sont sèches, chirurgicales. On danse les poings serrés, les larmes sèches, les cuirs huilés.

Violent Rains : romantisme noir en désintégration

Une année passe. Deuxième round. Violent Rains, toujours aussi dark, mais plus dense. Plus intime. Une sensibilité crue, presque gothique, une fragilité transformée en force de frappe. Les filles tournent partout. Puis : silence radio. Split ? Burn out ? Le duo se met en veille. Pas mort. En veille.

Infrarouge : l’art de la métamorphose

Come-back et non des moindres. Infrarouge est une métamorphose. Plus techno, plus musclé. Les morceaux cognent. Les lives sont bestiaux. On sent que quelque chose a muté. Le projet devient plus visuel, plus radical. Le revival synthwave ? Hélène et Amandine le dépassent en traçant leur propre route, entre EBM, new wave et hématomes sentimentaux.

24, Queendom : le règne d’Amandine

Hélène part vers Hante. Amandine continue. Seule. Elle incarne maintenant le monstre. 24 (2022) puis Queendom (2025) : elle explore, elle ose. Voix plus présentes, plus théâtrales. Synthés plus gras. Rythmiques plus technoïdes. Et toujours ce même fond de douleur élégante, de rage enfouie. Une prêtresse dark qui ne prêche que pour les damnés.

Un son, un style, une claque

Minuit Machine, pas à pas, continue d’imposer son esthétique, sa philosophie de vie artistique. Un cri. Une façon d’être vulnérable sans se soumettre. D’être électronique sans devenir froide. C’est la bande-son des insomniaques sentimentaux, des clubbeurs solitaires, des goths qui dansent encore — parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Et Amandine, seule en scène, le sait : elle ne fait pas de la musique pour les algorithmes. Elle fait des morceaux comme des messages codés que chacun.e comprend à sa manière.

Pour en savoir plus et suivre l’actu de Minuit Machine, consultez son compte Instagram ainsi que sa page Bandcamp.

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Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !