La Grange à Musique – Creil : retour au sanctuaire

Bon, tant qu’à tracer les Turn Steak sur leur concert de fin de résidence au fin fond de l’Oise, autant optimiser le trajet et en profiter pour faire du tourisme culturel en zone picarde artistiquement pas si hostile que ça.

Car surprise, et contrairement à ce qu’on laisse penser, Creil, ce n’est pas Bagdad sous les bombes, ni une zone de non droit où l’on scalpe invariablement les gens au détour d’une rue. Je ne dis pas qu’il y règne l’ambiance tranquille, studieuse et idyllique d’un Eden social, (y a quand même un ou deux secteurs considérés comme zones sensibles, mais quelle agglomération n’en possède pas) mais on est loin loin loin du tableau apocalyptique qu’on s’en fait à tort.

Et dans ce travail de pacification quotidienne, la GAM joue un rôle actif de résistance. La GAM, comprenez la Grange à Musique. La Grange à Musique c’est ça :

Non mécréants, non, ce n’est pas tout petit, c’est juste historiquement l’une des premières SMAC de France, l’un des temples des musiques actuelles et de l’ouverture d’une politique culturelle digne de ce nom aux masses. 30 ans d’existence pour ce sanctuaire dans lequel on pénètre avec respect. Il n’y a pas de fumée sans feu et s’il faut 30% de talent et 65% de travail à un artiste pour devenir un grand, c’est peine perdue si son équation de développement n’intègre pas 5% d’accompagnement de qualité.

Ce soutien, ce cadre, les Turn Steak l’ont en très grande partie trouvé dans ce lieu. Leur deuxième maison, leur berceau, leur fief. On le comprend en les voyant occuper les locaux dont ils connaissent chaque recoin et chaque habitant. Car qui dit lieu dit équipe et celle de la GAM est aussi soudée qu’une famille, que je commence à voir pétiller à l’approche du concert, dixit l’ambiance à la caisse :

Donc le p’tit loup avec une barbe au premier plan, c’est Thomas de la com’ (qui est par ailleurs un excellent runner et sait manier le balais avec une élégance qui n’égale que son efficacité) et le grand derrière, bah c’est Lucas. Lucas Blaya. Le directeur de l’endroit. Son programmateur aussi. Et accessoirement son caissier, son agent de sécurité, son … bref le couteau suisse idéal et un sacré tempérament de meneur.

Il en faut pour gérer cette institution avec rigueur sans pour autant trahir son âme. Une âme soigneusement entretenue par tous les membres de la team, pros ou bénévoles, que je découvre au fur et à mesure, Bips qui gère les loges, David à la régie plateau, Julien Apert ODM bien sûr, le vidéaste Adrien Poux rencontré à Marsatac dans le sillage des Turn Steak en 2011, d’autres encore, autant de piliers qui s’activent sous la houlette attentive, douce mais ferme du capitaine Blaya.

C’est qu’il a intérêt à tenir son monde, et si ça rigole pas mal dans les rangs, ça sait aussi être consciencieux et discipliné dans le boulot. Exigeant et pointu également avec une programmation diversifiée qui accueille, outre les cartes blanches, des artistes comme Yann Tiersen , Cardopusher, la compagnie de danse L-E-V, certains events du festival Picardie Mouv’, la 3eme convention du disque vynile de Creil. Sas compter les accompagnements d’artistes (typique dans une SMAC mais ici d’une très grande qualité) … et les résidences.

Et là on tape dans l’expérimental direct, puisque ce sont les arts numériques qui priment. On en a eu un aperçu avec la mise au point du live des Turn Steak, mais les projets qui suivent sont de la même eau avec par exemple :

– la mise au point des Triangles irascibles orchestrés par Yro Ito sur une musique de Erwan Raguenes (une travail d’hybridation narrative entre récit, voyage intiatique, vidéo, photo, lumière, scéographie) ;

– l’évolution du Dyskograph, oui vous vous souvenez de ce projet d’Avoka récompensé par le prix Max Mathews aux Qwartz Awards 2013, dont nous avions testé la portée, et qui ici passe de la traduction sonore à la transcription visuelle.

Et ça n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’en 2014, c’est entre autres le projet de Bachar Mar-Khalifé du label Infiné qui prendra corps en ces murs. Un plan de route ambitieux que Lucas nous présente avec énergie :

Grange à Musique – Creil : rencontre avec Lucas Blaya by Delfromtheartchemists on Mixcloud

De gros gros gros mercis à Lucas et sa team (ils se reconnaîtront), à Thomas, Julien Apert, Adrien Poux, Dam’s et FX des Turn Steak.

Et plus si affinités

http://www.gam-creil.fr/

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com