Nous voici proches de Pâques et de ses vacances. Autant dire que des milliers de lycéens s’apprêtent à passer deux semaines à bucher leur bac de français.
Nous n’avons pas voulu les laisser tomber dans cette épreuve. Conscients que les manuels scolaires ont des vertus soporifiques particulièrement efficaces, nous avons acté pour rehausser un peu le futur labeur d’une touche plus légère et sympathique. Et nous attaquons fort en abordant cet incontournable : le XVIIIeme siècle, lumineux, sarcastique, drôle, … libertin. Qui incarne mieux cet esprit rationnel, libertaire et subtil à la fois que la figure de Diderot, Denis de son prénom ?
Oubliez un instant les portraits de l’époque qui nous montre l’auteur de La Religieuse écrivant en robe de chambre, un sourire complice aux lèvres. Ici, ce sont celles, fort jolies du reste, de Vincent Perez, qui nous énoncent les difficultés à écrire l’article « Morale » extrait de cette bon dieu d’Encyclopédie qu’il convient d’éditer en cachette puisque l’entreprise est prohibée.
Ayant trouvé refuge chez un baron de ses amis, Diderot profite de cette villégiature pour manger, écrire, folâtrer, séduire, … et tomber proprement amoureux d’une farouche dessinatrice venue espionner le philosophe pour le compte des autorités ecclésiastes désireuses d’épingler le sacrilège.
Adaptation de la pièce de Eric Emmanuel Schmitt, le film d’Aghion est drôle, composé d’une galerie de personnages savoureux de cocasserie : un baron amateur d’orgue à cochons, une comtesse en quête d’amoureuses caresses buccales, une baronne boulimique et adepte des champignons hallucinogènes, un chevalier qui fait son coming-out dans les bras de deux pages, …
Décidément Diderot est bien entouré et sa traversée des jardins ensoleillés en tenue d’Adam alors qu’il poursuit sa femme pour lui prouver la justesse de l’infidélité, passe sans problème dans la trépidante ambiance de cette folle journée digne d’un Figaro. Quant au libertinage, de mœurs, de corps, de sensualité, il recoupe celui de l’esprit, en découle de source.
Que vous dire de plus sinon qu’en 1h40 ce film servi par des interprètes survoltés ( big up à Josiane Balasko qui aurait dû être primée pour ce rôle magistral) vous réconcilie avec les Lumières et vous donne envie de potasser l’encyclopédie de bout en bout ?????A voir donc pour apprendre et s’amuser !