Festival d’Avignon Day 3 : méandres d’une histoire familiale ou huis clos étouffant ?

©Nicolas Joubard

Un homme qui fume c’est plus sain à La Manufacture

La pluie enfin, au réveil ce matin, sur Avignon, moment de répit mais de courte durée puisque l’on file hors les murs à la patinoire pour voir la création du collectif Bajour Un homme qui fume c’est plus sain à La Manufacture avec les acteurs du Tthéâtre National de Bretagne.

Un élan de vie souffle sur le plateau avec cette troupe, revigorante et libre, qui livre une réflexion très incarnée autour de la thématique de la fratrie. L’histoire de 7 frères et sœurs qui se retrouvent dans la maison familiale pour enterrer leur père. Ils se sont perdus de vue depuis longtemps. Comment se parler après tout ce temps? Quel est le secret qui les a fait se séparer? Le récit est une déconstruction joyeuse de moments de vie (mais ça serait presque trop les enfermer que de vouloir définir leur système de narration) qui donne la part belle au travail des acteurs, approchant parfois la performance artistique.

Tous les sentiments sont exacerbés, ça s’engueule, ça se réconcilie, une vraie famille au fond, à travers laquelle transparait très fortement l’esprit de troupe. C’est très beau à voir, et à entendre, y compris au niveau de l’écriture. Un spectacle qui a malgré tout les défauts de ses qualités et se regarde un peu le nombril vers la fin, où l’on ressent de vraies longueurs.

Criminel à L’Artéphile

Après une courte pause à l’ombre de la place des Carmes, on replonge directement dans l’univers étouffant et chaotique de Criminel joué à L’Artéphile par la compagnie Sylsyl, pièce multi acclamée par la presse et dont on ne sort pas indemne. Travaillant comme dans ces autres spectacles autour d’une thématique politico-sociale, l’auteur et metteur en scène Yann Reuzeau s’est emparé d’une affaire de crime passionnel comme il en existe tant. Comment accueillir le frère qui sort de prison et qui a tué ?

Celui-là même qu’on a tenté d’oublier pendant toutes ses années pour le crime terrible qu’il a commis. Que va-t-on faire de toute cette colère? Finalement est-ce lui le criminel ? Dans un huis clos au bord de l’explosion, 4 personnages sont enfermés dans la spirale infernale du crime, cette zone grise où personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé ou plutôt interprète le crime à sa manière.

Les protagonistes sont comme dans une prison ne sachant pas comment se défaire de leur souffrance. Le jeu réaliste des acteurs (on aime ou on aime pas mais mention spéciale pour Morgan Perez, qui excelle dans le rôle du criminel) vient ajouter au malaise que l’on ressent parfois, devant un spectacle qui questionne notre rapport à l’autre et à sa part de violence.

Et plus si affinités

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Anne Verdaguer

Posted by Anne Verdaguer