Grégory : Netflix s’empare du drame de la Vologne

Fidèle à sa stratégie, Netflix mise une nouvelle fois sur le true crime pour fasciner son public. Cette fois-ci, la plate-forme de VoD jette son dévolu sur l’affaire Grégory Villemin, avec à la clé la série documentaire sobrement intitulée Grégory et réalisé par Gilles Marchand.

En cinq épisodes, ce dernier documente cet épineux dossier, dont les rebondissements continuent de passionner la France, trente-cinq ans après les faits. Car à ce jour, personne n’a pu identifier l’assassin de ce petit garçon, retrouvé mort dans la rivière qui traverse son village de Lépanges dans les Vosges. Des soupçons, il y en a, beaucoup. Des erreurs encore plus. Des preuves, trop et pas assez. Quant au mobile … la haine. Absolue, aveuglante, qui amènera à tuer ce gamin pour se venger de la réussite de ses parents.

C’est du moins ce que laisse penser les courriers et les appels de ce mystérieux corbeau, qui pendant des années s’acharne sur la famille Villemin, crachant son venin sur chacun des membres d’un clan aux multiples ramifications … et aux secrets bien gardés. Quitte à se murer dans le silence face aux enquêteurs et aux juges. Et jouer les filles de l’air devant la meute des journalistes en mal de scoop. Famille, enquêteurs, journalistes … Trois points cardinaux pour un fiasco judiciaire inacceptable, dont les aberrations sautent ici au visage.

D’épisode en épisode, le manque de professionnalisme des uns, d’éthique des autres, de sérieux de tous nous laisse sans voix. Comme ce commissaire qui avoue sans scrupule avoir noyauté l’enquête avec l’aide de reporters et des avocats de la partie civile pour récupérer le dossier au nez et à la barbe des gendarmes. En s’offrant au passage des remarques d’un sexisme totalement déplacé. C’est qu’au milieu de ce pugilat judiciaire et médiatique, une vendetta émerge qui causera la mort d’un cousin suspecté d’avoir liquidé le gosse, entraînera l’incarcération du père, tandis que la mère de la victime sera soupçonnée d’avoir assassiné son enfant.

Une chasse aux sorcières, orchestrée par des journalistes totalement incontrôlables qui prennent parti. On reste sans voix. D’autant qu’à un certain moment, le documentaire ouvre une autre option, alimentée par l’existence d’un possible complice, un corbeau bis … une piste inexplorée, et c’est navrant. Car d’archives en témoignages, on comprend vite que l’absent dans cette histoire, celui dont on se fiche, c’est cet enfant. Si le documentaire qui porte son nom est lacunaire sur certains points, notamment en ce qui concerne les querelles du clan, et les nombreux squelettes que cachent les placards des Villemin, il est en revanche particulièrement limpide à ce sujet.

A regarder donc avec intérêt et en mémoire le sourire de ce petit … et sans faire l’économie des autres documentaires, séries et ouvrages dédiés à cette tragédie. Car la confrontation des points de vue est à ce titre essentielle pour cerner la complexité de ce dossier et son incroyable potentiel de nuisance.

Et plus si affinités

https://www.netflix.com/fr/title/80222157

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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