Art brut / Regards de collectionneurs : ABCD à la Maison Rouge

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ABCD … comme « art brut, connaissance et diffusion ». Voici, simple et dépouillée, pédagogique comme un BaBA, humblement encyclopédique, l’acrostiche choisie par Bruno Decharme pour désigner sa collection d’art brut patiemment et passionnément rassemblée ces 30 dernières années, puis l’association destinée à faire la promotion de ce type d’art si particulier.

3500 pièces, 300 artistes, un regard planétaire, un regard intemporel : du XIXème siècle à nos jours, Decharme le cinéaste régulièrement promène son regard à la surface des méandres mystérieuses jaillies de ces esprits tortueux, imperméables à la chronologie et aux frontières. Il constitue ainsi une symphonie multiforme. Aussi le voyage qu’il nous offre au travers de l’exposition proposée par la Maison Rouge est-il avant tout fascination pour un ensemble unique.

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Il en a arrêté les étapes avec le conseil du maître des lieux, Antoine de Galbert, lui-même adepte de cet art qui ne dit jamais son nom. Avec cette 12eme manifestation consacrée à une collection privée, il ne s’agit pourtant pas d’exploiter l’intérêt du public pour cette forme d’expression subversive car décalée et sans motivation esthétique, mais d’ébaucher une cartographie de la manière dont ces créatifs reçoivent, transcrivent et recomposent le monde.

Segmenté en douze parties, le parcours évoque « la métaphore d’un voyage qui nous conduit de la genèse de la vie – à l’origine, le chaos – à une forme d’extase, « un savoir supérieur » délivré par ces artistes d’un genre particulier dont certains ont le dessein de sauver le monde». Schémas mentaux, besoin viscéral de recomposer le cosmos, obsessions scripturales, les œuvres éblouissantes de couleurs, mouvantes de formes ou ensevelies sous les cendres de la folie, passent du cri au soupir, de la rage à la passivité, du rejet à l’acceptation.


Art brut , collection abcd / Bruno Decharme. DOCU. par lamaisonrouge

De salle en salle, une question relie ces représentations, interrogeant la fonction que chacun a donnée à son œuvre, puisque celle-ci jamais n’a l’art pour finalité. Ici il n’y a qu’un dizième de la collection initiale et pourtant de Madge Gill la médium à Judith Scott, de Scottie Wilson à Lubos Piny, ce sont les lignes invisibles de l’inconscient qui nous cernent. Chaque œuvre accroche l’attention, interpele comme un geste menaçant, une caresse tendre, un sourire timide.

Henri Darger, Hans-Jörg Georgi, Georges Widener, … les deux cents démiurges ici dévoilés façonnent des objets magiques où nous nous enlisons comme dans des sables mouvants. C’est du reste l’objectif de l’association que de questionner ce pouvoir en perpétuelle transformation au gré du temps et des cultures. En parallèle de l’exposition et comme pour y faire miroir, le séminaire « De l’art brut aujourd’hui » fait le point sur un univers dont la valeur esthétique désormais reconnue menace sa multiplicité et sa spontanéité tout comme elle en fait accepter la portée incroyable.

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Et plus si affinités

http://www.lamaisonrouge.org/cgi?usr=kvv5erwsdr&lg=fr&pag=2332&rec=46&frm=0&id=3482&flux=36295881

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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