Album : James Eleganz – The Only One – ZRP – 2019

Certains traversent le désert parce qu’ils y sont contraints ; d’autres appellent cette épreuve de leurs vœux les plus ardents, comme une délivrance. En quittant Success, James Eleganz bifurque dans la steppe poussiéreuse et étouffante avec la quiétude des pécheurs convaincus de leur rédemption. Bye bye le golden boy électro rock et survolté, c’est dans l’aride que Eleganz conquiert cette maturité du rocker solitaire, sanctifié et lumineux.

The Only One sacre cette métamorphose en 10 tracks intimistes, qui évoquent la crise intérieure d’un homme en plein questionnement sur ses émotions, son vécu, son devenir, sa créativité … De nouveaux besoins, de nouvelles attirances … trahisons ou continuité de soi-même ? Lou Reed, Dire Straits, Tom Wait, , David Bowie, Chris Isaak, Kurt Weill … les ombres de parrains prestigieux et attentifs flottent sur cette mutation classic rock produite par un Toby Damnit revenu de la joyeuse dévastation des Stooges pour servir un Nick Cave ténébreux.

Et insuffler son aura aux musiciens de passage comme d’autres transmettraient un savoir sacré à de jeunes chamans. Sa patte marque ainsi chaque morceau de cette mise au point avec soi-même, cet instant de rupture quand on se réveille un matin pour découvrir dans son reflet le poids du temps à l’œuvre. Plus une minute à perdre, la minuterie est enclenchée, l’heure des règlements de comptes est venue. Et The Only One d’exprimer avec des nuances subtiles cette mise au point sans pitié, à laquelle nous assistons avec sidération.

Car l’exercice, ô combien sentimental, n’occasionne pourtant aucun lamento. On y décèle même une forme de délectation intellectuelle, un appel d’air, un retour à la vie. Une main de fer dans un gant de velours : la star Mr Eleganz s’est assagie mais la volonté demeure, intacte, renforcée même, de tracer SA route musicale peu importe où elle mène. A croire que cette explication avec soi-même intervient comme une purge, une purification de la motivation initiale, histoire d’y puiser un nouvel élan.

« Better man » : pas évident d’y parvenir, n’est-ce pas ? Déjà la question se posait du temps de Success, ici elle revient sur un autre tempo, récurrente mais abordée autrement. Cependant n’allez pas vous fourvoyer. Assagie, la bête de scène veille toujours au grain, dixit le très éclatant « Every time I’m with you » ou « The Horse Song » où la fouge soudain affleure. Il suffirait d’un rien pour que l’animal rock s’ébroue et retrouve cette incroyable envergure qu’on lui connaît, ici domptée … mais pour combien de temps ? Album de la transition, The Only One porte bien son nom, car il parle de ce qui nous rend unique jusque dans nos transformations. C’est sa grande force.

Et plus si affinités

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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