
L’automne s’installe. Avec lui, la lumière baisse, les certitudes s’effondrent doucement. La playlist de cette semaine propose une oscillation entre colère rentrée, tristesse à haute définition et petites résistances poétiques. Entre rock abrasif, ballades intimes et expérimentations douces-amères, ces dix morceaux vous feront flotter en équilibre instable, entre le « tout fout le camp » et le « je tiens encore debout ». Fragilité assumée. Force tranquille.
Les artistes à l’honner ?
SENZO – « Test of Faith »
Un uppercut électrique, qui mêle rythmes synthétiques et shamisen survolté. Tendu comme un câble prêt à rompre, SENZO lâche une compo brut, presque punk, virtuose et impliquée. Court, intense, salutaire.
Jehnny Beth – « High Resolution Sadness »
La reine du spleen charnel revient avec un titre à fleur de peau, c’est le moins qu’on puisse dire. Tout est dans le titre : une tristesse ultradéfinie, scannée au laser, consciemment hurlée sur des riffs de gratte bien gras.. La production est chirurgicale, la voix est un cri modulé. Jenny Beth, magnifique douleur ?
Chat Pile & Hayden Pedigo – « Radioactive Dreams »
Collab improbable entre sludge et ambient western. Résultat : un cauchemar irradié au ralenti. Bruits sourds, atmosphère toxique, rêverie dystopique. Chat Pile et Hayden Pedigo tissent ici une apocalypse intime fascinante.
White Reaper – « Blue 42 »
Rock US en pleine poussée d’adrénaline. Riffs, batterie, chœurs, tout claque. Et pourtant, dans cette tornade, une nostalgie adolescente se faufile. White Reaper, comme une envie de tout casser pour sentir qu’on existe ?
Dogo Suicide feat. Dominic Pelletier – « NON »
Dogo Suicide ? Punk francophone, nerveux, craché à la gueule du système. Deux minutes vingt de refus, de cri, de feu. Le genre de morceau qui donne envie de hurler dans la rue en pleine nuit. Brut et nécessaire.
Tonic Walter – « Gone »
mélodie de l’abandon, lente et progressive. Synthés en nappe, tension diffuse, sonorités graves, fatiguées. Tonic Walter signe une dérive élégante et sombre. On s’y noie avec un soupçon de grâce.
Unflirt – « Sea Song »
Doux, onirique, un peu flou. Unflirt propose ici une ballade en apnée, portée par une voix enfantine s’ouvrant à nous dans une confidence amoureuse. Ici, la mer n’est pas un refuge, mais un labyrinthe. C’est beau, étrange, cotonneux.
Flora Fishbach – « La Machiavela »
Fishbach joue les divas électro-baroques. Voix posée, texte venimeux, instru très stylisée. Une chanson en forme de théâtre cruel. Et derrière le vernis, la morsure. Délicieusement vénéneux.
Dodie – « I Feel Bad For You, Dave »
La douceur au vitriol façon Dodie. Mélodie sucrée, rythme de bossa, voix suave, paroles qui piquent là où ça fait mal. C’est tendre, mais pas du tout innocent. Et c’est ce contraste qui fait mouche. Avec en prime un certain Jeff Goldblum en intro.
TTSSFU – « Forever »
Un morceau comme une comptine, saturé d’émotion. Une supplication salée sucrée pour célébrer un amour en forme d’emprise ? Le morceau de TTSSFU sonne comme une prière désespérée à un amour mort-vivant. Romantisme radioactif.
Bon appétit à vos oreilles !
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