
Mobland : rien que le casting de la série est jubilatoire. Tom Hardy, Helen Mirren, Pierce Brosnan, Paddy Considine, Joanne Froggatt, Mandeep Dhillon, Lara Pulver, Geoff Bell, Janet McTeer, Toby Jones, Anson Boon, Alex Jennings et j’arrête là vu la longueur de liste qui n’affecte en rien la qualité d’acteurs de haut vol menés bielle en tête par Ronan Bennet avec à la prod un certain Guy Ritchie. Autant dire que Mobland rien que par son affiche met la barre haut. Et la série est au rendez-vous.
Quand le pouvoir se fissure
Un petit pitch : le clan Harrigan règne en maître sur la pègre londonienne depuis des années. Mais comme toute famille régnante, il arrive un moment où le pouvoir se fissure. Mobland évoque ce craquellement aux allures de bombardement atomique. Car le clan Harrigan a construit son empire sur la violence, le sang, la terreur et la folie. « Power is a hungry thing » est le moto du patriarche, et cela reflète la mentalité à l’oeuvre dans cette parentèle.
Pour le dire clairement, ils sont tous ou complètement dingues tendance psychopathe (les grands parents et le petit dernier) ou très abîmés psychiquement (tous les autres, pièces rapportées y compris). Forcément, quand le fils du clan rival, les Bell pour ne pas les nommer, est retrouvé en petits morceaux, la guerre éclate, féroce, le pouvoir est contesté.
Pourquoi Harry reste-t-il ?
Au milieu de ce joyeux et très saignant bordel, Harry Da Souza, l’homme à tout faire des Harrigan, tente de tempérer les choses. Compliqué vu qu’en plus de gérer les coups de folie des membres de cette meute (et leurs très nombreuses trahisons), Harry doit essayer de sauver son couple, sa vie de famille. Pas évident évident : quand on bosse pour les Harrigan, on n’a pas de vie perso, elle est forcément bouffée par les errements de cette bande de fous sanguinaires.
Et c’est là que se pose la question : pourquoi Harry reste-t-il ? Par loyauté viscérale ? Par sens des responsabilités (il faut bien quelqu’un pour canaliser ces fauves et il est visiblement le seul à y parvenir) ? Par goût du fric (le job est dangereux mais il paie) ? Ou y a-t-il autre chose ? Lien caché, stratégie de l’ombre, tout le monde s’interroge, les Harrigan en premier. Car Harry est courtisé par les autres gangs, ses talents, sont précieux, sa retenue et son efficacité appréciées, sa perspicacité et sa diplomatie respectée. Alors pourquoi ?
Tragédie royale et thérapie familiale
Cette question s’infiltre partout dans une intrigue à rebondissements multiples particulièrement violents, propres à l’univers tissé par Ritchie depuis son premier film Crimes, arnaques et botanique. Sauf qu’ici, l’humour cède le pas à la tragédie royale façon Shakespeare, à la thérapie familiale en mode Ari Aster. Imaginez le mélange pour le moins explosif qui en résulte.
Sur fond de règlements de compte entre clans mafieux, Ronan Bennet autopsie les rouages grippés d’une famille rongée par les non-dits, les secrets. Imaginez Secrets and lies de Mike Leigh mais avec des lames de rasoir, des armes d’assaut et des tronçonneuses. Le tout pulsé par une bande-son de dingue, un générique d’anthologie scandé par le magnifique et très retors « Starbuster » de Fontaine D.C. (rarement une chanson n’a autant collé au sujet d’une fiction, lui intimant une signature mélodique propre).
Voilà. Arrêtez de me lire, regardez Mobland, savourez la jouissance des acteurs qui s’éclatent dans ce jeu de massacre, c’est juste palpable. Profitez de cet OVNI qui bousille les genres, et priez très fort qu’on n’annule pas la seconde saison.
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