Exposition / La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette

Avec Fashioning Fashion, le musée des Arts décoratifs nous avait initiés à l’émergence de cette notion jusqu’aux outrances qu’elle dicte de façon tyrannique, redessinant les silhouettes, les exagérant, les modelant pour déterminer ce qui fait la beauté et l’élégance. La mécanique des dessous constitue le deuxième chapitre de cette aventure, son envers puisque nous découvrons ici les outils et les artifices qui ont permis de créer ces allures souvent fantasques. Corsets, faux culs, jupons, cerceaux, crinoline, rembourrages, … ce sont quatre siècles de postiches et de faux semblants qui se dévoilent à nous, pour nous raconter « une histoire indiscrète de la silhouette ».

De véritables outils de torture pour certains, forgés de métal, enfermant le corps, le redressant, le domptant pour en fausser les mesures naturelles dans des proportions progressivement monstrueuses et outrancières. Exemplaires de ces extravagances, les fraises, ces cols démesurés, empesés sur des armatures de métal, qui enfermaient le cou et donnaient l’impression que le visage des seigneurs et des dames de la Renaissance reposaient sur un plateau comme le chef tranché de Jean le Baptiste.

Bien sûr les hommes n’ont guère échappé à cette discipline, et l’exposition est à ce titre très éclairante, s’attardant sur la coupe des redingotes, la taille des gilets, ou ces braguettes singeant d’avantageuses érections que les courtisans de Henri II affichaient fièrement, de même que des ventres rebondis, symboles de virilité et de réussite. Le parcours montre comment l’allure s’est libérée de siècle en siècle, comment ces accessoires ont quitté le quotidien pour investir les podiums de mode et les écrans de cinéma.

Si l’on regrette la pénombre coquine qui entoure les vitrines dont on ne peut parfois déchiffrer les étiquettes, on a adoré l’espace dédié à l’essayage des différents dessous. Le public peut à loisir y enfiler des versions simplifiées des modèles exposés et constater combien ces habits entravent le corps, le force à la noble droiture, à la lenteur étudiée des gestes, à une allure alourdie par le poids des jupes.

A visiter jusqu’au 24 novembre 2013 et n’hésitez pas à explorer le site du Musée des Arts et décoration, c’est une mine de précieuses informations.

Et plus si affinités

http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/mode-et-textile/expositions-70/actuellement-447/la-mecanique-des-dessous-une/

Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.