Cinéma / Evil Dead : Bienvenue à la maison !

Oh qu’on l’attendait ! Avec impatience, fébrilité, ferveur ! Depuis la diffusion du teaser, les adeptes n’en pouvaient plus d’attendre la sortie en salle. C’est désormais chose faite en ce pluvieux 1er mai, où il convient à l’occasion de troquer son brin de muguet contre une bonne tronçonneuse, car croyez-moi vous allez en avoir besoin !

C’est que pour cette nouvelle et quatrième mouture du désormais mythique chef d’œuvre de Sam Raimi, le réalisateur Fede Alvarez n’a pas fait dans la dentelle. Et confessons-le, c’est proprement jouissif ! En témoigne l’heure et demi de projection à laquelle j’assiste en preview dans un cinéma du Rex pris d’assaut par les fans dont la plupart se sont maintes fois délectés du bébé d’origine et de ses petits frères, parfois dans cette même salle qui accueillit le premier de la sanglante fratrie à sa sortie en 1981.

Et là, que du bonheur ! Une salle applaudissant à chaque mutilation factice, hurlant de rire, criant sa joie, exultant devant de vrais maquillages, des FX faits avec les mains et de la vraie hémoglobine de synthèse, des acteurs vraiment appareillés (et super bons au passage), dans un ballet de supplices tous plus exagérés les uns que les autres, et qui ressemblent bien à des défis de maquilleurs barrés, qui se bidonnent à imaginer les pires sévices en latex et fards collants.

Car c’est de cela qu’il s’agit et l’on ne peut imaginer le soulagement que c’est de vivre la chose au milieu de gens qui apprécient ce genre de films. Bon Dieu, que ça fait du bien, d’autant plus que le scénar tient la route, et que toute cette débauche d’horreurs s’enclenche avec une certaine logique dans une ambiance d’angoisse assez bien transmise car ne jouant pas la réplique bête et méchante.


Trente ans ont passé depuis 1981 et les premiers démêlés du désormais héroïque Ash avec les démons de la forêt. Il y a belle lurette que lui et ses petits camarades ont disparu dans les méandres du temps, partant à la chasse aux esprits malfaisants comme d’autres courent après les papillons, y laissant quelques morceaux d’eux-mêmes en cours de route, mais que voulez-vous, il faut bien un peu donner de sa personne pour sauver le monde, quoi !

Mais pas de panique, la maison, elle est restée ! Toujours aussi isolée, toujours aussi délabrée (non mais franchement qui irait passer des vacances dans un bouiboui pareil, rien que ça, faut être malade), toujours aussi cernée par de maléfiques présences. Seul témoin des mésaventures ashiennes, la bagnole rouillée bouffée par la végétation devant l’entrée, et dont les nouveaux occupants ne font pas grand cas, concentrés qu’ils sont sur le enième sevrage de la plus junkie d’entre eux.

Et c’est bien sûr là que ça capote, l’un des cinq potes tombant sur le fameux bouquin, et blablabla … bref vous connaissez la suite. Sauf que non, vous ne la connaissez pas. Et franchement je ne vous dirai rien pour ne pas vous gâcher le plaisir de savourer les tours de passe passe d’un scénario malin en diable (c’est le cas de le dire) pour ce qui est de réveiller la légende sans la répéter comme un perroquet, et assurer la descendance du grand Ash, de façon plausible et séduisante.

Sachez juste que ces quatre vingt douze minutes sont un hymne au cinéma horrifique gore, avec des références à la franchise Evil dead bien sûr (la scène de la main coupée, rien que ça, c’est juteux !) mélangeant des clins d’œil aux trois premiers opus de la série (décidément ces démons sont bien rôdés dans leur modus operandi), mais pas que : et c’est une véritable sarabande d’hommages que vous allez vous amuser à détecter, entre L’Exorciste, Massacre à la tronçonneuse, Shinning, Rec, Dario Argento, Baby Blood, Elmer, Frissons de Cronenberg, Cabin fever, Oxygen, The Walking dead, Hellraiser même. Le tout drivé par le livre maudit, qui annonce chacune des étapes de cet enfer par des illustrations tenant de la gravure de Dürer et de la BD américaine, tandis que retentit une sirène d’alarme qui n’est pas sans rappeler l’alerte de Silent hill. Effet garanti et big up à la bande son qui est d’une rare efficacité !

Au finish ce nouveau chapitre sert d’initiation au genre pour les jeunes générations (non, il n’y a pas que Twilight et Harry Potter dans la vie, tudieu ! les gamins, faites vous une culture, une vraie !) tout en précipitant le mythe dans un XXIeme siècle qui en a grandement besoin au niveau cathartique ! Ames sensibles s’abstenir, … ou s’y mettre au plus vite, car n’oubliez pas, la véritable horreur est ailleurs, dans la réalité des guerres, des meurtres et de l’intolérance. Là très sincèrement, c’est du Grand Guignol, de la rigolade, du survival, du conte, du fantastique … du pur plaisir !

Et plus si affinités

http://www.evildead-movie.com/

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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