
Il y a des semaines comme ça où la playlist te regarde de travers. Pas envie de sourire, pas envie de danser, mais une furieuse envie de cramer les souvenirs et d’enregistrer des rêves bizarres sur bande magnétique. Des voix flottent, des nappes montent, les synthés grincent doucement et la basse t’étrangle avec tendresse. Plongée dans la playlist #363 by The ARTchemists :
Les 10 artistes à l’honneur :
- Rotohammer – « Waves of Time »
Gros plan sur l’introspection mécanique. Cette entité propose une darkwave élégante, toute en lignes froides et réverbérations abyssales. « Waves of Time » donne l’impression de marcher dans un tunnel de verre, seul, la nuit, dans un rêve où le temps se tord. Le genre de morceau qui t’aspire doucement sans t’en rendre compte. - The Spitfires – « Where Did We Go Wrong ? »
De la rage contenue sous une couche de pop nerveuse. The Spitfires viennent de l’underground britannique avec une bonne dose d’esprit mod et un ADN résolument social. Ici, c’est l’Angleterre post-Brexit, désabusée, qui parle. Guitares tranchantes, chant tendu, urgence émotionnelle. On sent les Clash dans le rétro, une petite touche de The Specials mais en plus brisé. - The New Division – « Hurricane »
Synth-pop sombre et cinématographique. The New Division, héritiers évidents de Depeche Mode et Hurts, livrent un track dense, hanté, sophistiqué. « Hurricane », c’est la bande-son d’un chagrin sous la pluie, filmé en slow-motion sur VHS. Émotionnellement, ça claque plus fort qu’un épisode de Euphoria. - The Dainty Morsels – « Hold Your Horses »
Guitare sèche, chœurs flottants, tempo retenu : on se croirait chez Mazzy Star sous tranquillisants. The Dainty Morsels, derrière leur nom faussement sucré, livrent une ballade désarmante de simplicité. Un truc presque country dans l’âme, mais passé à travers un filtre indie éthéré. Idéal pour les fins d’après-midi sans gravité. - Blind Delon – « Manhattan »
Le plus sombre du lot, et de loin. Blind Delon c’est la France industrielle, celle des caves noires, des néons rouges, des beats martiaux. « Manhattan », c’est un coup de poing electro-noir, quelque part entre DAF, Lebanon Hanover et la cold wave made in Toulouse. Le morceau donne envie de danser dans un bunker soviétique sous kétamine. Et c’est un compliment. - Pavement – « Whitchitai-To » (LA Rehearsal Session)
C’est bancal, ça flotte, c’est totalement Pavement. Cette session fantomatique du classique « Whitchitai-To » (reprise de Jim Pepper) ressuscite le meilleur des années 90 : l’impro slacker, le bruit blanc, l’inattendu. Comme une conversation murmurée entre les murs d’un local de répèt’. Poétique, bordélique, essentiel. - Alan Sparhawk – « Not Broken »
Le survivant de Low revient seul, nu, tremblant. « Not Broken » est un titre minuscule et immense à la fois, comme un dernier souffle d’humanité dans un monde trop fort. Voix fatiguée, guitare minimaliste, et un vide sidéral autour. Il n’en faut pas plus pour t’achever doucement. L’émotion brute, sans fard. - Sun Room – « Jackknife »
Un petit coup d’énergie dans tout ce spleen : « Jackknife » est un shoot de garage-pop efficace, 90s dans l’âme, cool sans forcer. Pas de fioriture, ça joue vite, ça joue sale, ça sent le sable et la bière tiède. Les mecs de Sun Room ne révolutionnent rien, mais ils le font avec un sourire narquois et des riffs acérés. - Rosa Damask – « Psycho, Leave Me Alone »
Bombe électro-punk taillée pour l’implosion. Rosa Damask, c’est la voix de celles qui ne veulent plus plaire. C’est bruyant, dérangeant, dissonant, addictif. On pense à Peaches, à Atari Teenage Riot, à du punk qui aurait bouffé un virus digital. C’est aussi le morceau le plus politisé de la playlist : un cri en stéréo. - Night Tapes – « Pacifico »
On finit dans le coton. «Pacifico », c’est la douceur sous codéine. Une voix détachée, un beat vaporeux, des nappes qui flottent comme des souvenirs oubliés. Night Tapes font de la dreampop urbaine, délicate, idéale pour dériver dans les flux de l’été. Une sortie douce pour un voyage chaotique.
À écouter au casque, les yeux fermés ou les poings serrés. Et surtout : sans modération.
Et plus si affinités ?
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