Un village français : un coin de France dans l’horreur de l’Occupation

série Un village français

C’est quoi, être humain ? ça veut dire quoi ? Qu’est-ce que ça signifie au bout du compte ? Se tenir droit ? Avoir des mains pour saisir ? Des pieds pour marcher ? Un cerveau pour penser ? Et le cœur dans tout ça ? Les sentiments ? Les émotions ? Malraux a posé la question dans La Condition humaine au travers de scènes parfois intolérables de souffrance physique, psychique et morale. Un village français reprend ces questionnements et nous les assène, sans complaisance aucune.

Pas de blanc ou de noir, que du gris

La série a débuté en 2009, elle se poursuit sur 7 saisons pour nous compter le quotidien d’une bourgade du Jura. À l’heure allemande. L’expression vient de Jean-Louis Bory qui avait en son temps narré le sursaut de résistance de son village au moment de la Libération. Là, ce sont des années de supplice que relatent les scénaristes. Un supplice lent, cruel, tissé d’angoisses quotidiennes, de peurs latentes, de choix impossibles, de crises soudaines, d’ascensions progressives vers une horreur larvée que tous devinent sans vouloir l’admettre, sans pouvoir l’empêcher, juste le retarder peut-être, un petit peu.

Collabos convaincus, grande bourgeoisie conciliante, résistants incertains, … certains sont de droite, d’autres de gauche, beaucoup indécis : tous cherchent à survivre. Des amis, des collègues, des voisins. Dans un même microcosme. Ils sont allés à l’école ensemble, se connaissent, se côtoient. Pas de blanc ni de noir. Pas de méchants ni de gentils. Que du gris.

  • Un flic antisémite, zélé dans ses démarches de rafle, mais fou raide dingue de sa compagne juive qu’il cache comme il peut après avoir fait arrêter sa mère envoyée à la mort en Pologne.
  • Un résistant amené à trahir, car on lui a promis la sécurité pour compagne et enfant, déjà très probablement exterminés.
  • Une directrice d’école, juive, rapatriée mourante du camp de Drancy, là où elle a vu l’horreur en marche, et qui en témoigne, crevant de phtisie, alors que son médecin lui injecte la mort salvatrice dans les veines.

Plongée en apnée dans un quotidien odieux

Ne vous attendez pas à vivre une saga dynastique en mode bluette. Remarquablement joué par un casting excellent, tourné de main de maître, ce feuilleton de qualité n’est pas là pour plaire ou divertir, faire frémir, rebondir de péripéties en péripéties, ni pour raconter l’Histoire avec un grand H et la gloriole autour, mais pour nous plonger en apnée dans un quotidien odieux où la dignité humaine se dissout à chaque minute, où chaque sursaut de fierté se paye le prix fort, où chaque non peut devenir fatal. Ce feuilleton est là pour nous faire comprendre. Comment. Pourquoi. Et que rien jamais n’est simple.

À l’heure où les programmes scolaires réduisent comme peau de chagrin ces passages consacrés à l’Occupationet à la Collaboration, où le terme d’extrémisme revient en boucle dans les bouches et les esprits sans jamais qu’on saisisse exactement de quoi il s’agit, où l’on conteste les vérités et la mémoire sans aucune honte, Un village français nous rappelle les choses. Et cela ne fait pas du bien.

Et plus si affinités

Vous pouvez voir ou revoir la série Un village français en DVD ou en VoD.

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com