Sonderkommando – Dans l’enfer des chambres à gaz : ce qu’un homme peut faire subir à un autre …

47 ans … il aura fallu 47 ans pour qu’enfin, Shlomo Venezia accepte de témoigner. De raconter les atrocités subies au quotidien dans l’enfer d’Auschwitz. Pour relater son vécu au sein d’un des Sonderkommandos qui opéraient dans les chambres à gaz. Et donner à voir l’horreur d’une systématique génocidaire implacable de sadisme et d’inhumanité.

Pourquoi 47 ans ? Parce qu’à peine évacué des camps, alors qu’il séjourne en sanatorium, Shlomo commence à expliquer ce qu’il a subi … et se heurte à l’incrédulité parfois ironique de ses compagnons de chambrée. Comme tous les autres rescapés. Personne ne saisit, personne ne veut écouter, personne n’a envie de savoir. Le silence. Une chape de plomb sur un massacre pourtant connu de beaucoup.

Une décennie plus tard, et parce que certains vont exiger de réveiller la mémoire, on commence à parler. Le procès Eichmann fera beaucoup pour secouer les consciences. Mais pour ceux qui ont survécu, parler demeure extrêmement difficile. Et cette complexité affleure dans tous les propos de ce livre coup de poing, tandis que Venezia déroule un récit effarant à la limite du supportable.

Car lui fut au cœur du processus même d’extermination, engagé dans ces commandos spéciaux chargés d’extraire les corps des chambres à gaz pour couper les cheveux, arracher les dents en or et brûler les dépouilles dans les fours attenants. Une place peu envieuse : un peu moins mal nourris que leurs compagnons de malheur, les membres des sonderkommandos étaient isolés, exécutés régulièrement pour éviter qu’on sache ce qui se passait dans les crématoriums.

Un sursis trompeur donc, et qui n’annulait aucunement la barbarie de leurs geôliers. Les descriptions chirurgicales de Venezia donnent à voir la cruauté généralisée, un sadisme d’État totalement assumé et qui casse le prétexte d’obéissance aux ordres répété jusqu’à la nausée par les nazis lors du procès de Nuremberg. Ces gens savaient pertinemment ce qu’ils faisaient, et voulaient en effacer les traces, d’où le démantèlement des chambres à gaz, dont Venezia témoigne également.

Que dire d’autre ? Cet ouvrage est à lire impérativement, comme les centaines d’autres qui relatent l’horreur. car tous gardent trace de l’innommable, et cela importe à l’heure où les rescapés disparaissent, rattrapés par l’âge et la maladie. Collectés, publiés, partagés, ces exposés terribles donnent à ressentir un peu des abominations, du martyre infligés. Ils prouvent son existence, évoquent ce qu’un homme peut faire subir à un autre, pour l’écraser, l’éradiquer.

Ils démontrent surtout que la vie demeure, ainsi que le souvenir, pour la postérité.

Et plus si affinités

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

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