Reflet d’artiste / Turn Steak – Drifting away : les Turn Steak en parlent !

Notre dernière rencontre date de Marsatac. Que s’est-il passé depuis ?

Depuis Marsatac beaucoup de choses se sont passées : de la remise en question à la rencontre de nouveaux partenaires… On a fait de belles dates (la LOW END PICARDIE avec Free The Robots, Nastynasty, Tambour Battant…) et des festivals dont le Poulpaphone avec The GlitchMob. Il y a eu également une sortie officielle d’un de nos remix sur la compilation MAD HOP Vol4, mais le plus important reste le travail qu’on a effectué sur ce nouvel EP « DRIFTING AWAY ».

EP Drifting away

D’où vient le projet ? Quelles sources d’inspiration?

Depuis novembre 2010 nous n’avions pas sorti de projet, mis à part quelques collaborations et remixes et nous avions envie de poser une nouvelle pierre à l’édifice TS. De plus, pas mal de gens nous demandaient des productions personnelles plutôt que des remixes. Il nous semblait donc évident de travailler sur un nouveau projet, afin également d’agrémenter le live et d’évoluer pour passer un nouveau cap. Point de vue inspiration il y a beaucoup trop d’artistes pour pouvoir les citer… En gros, pas mal de producteurs signés sur le label WARP, mais aussi des artistes plus proches de la scène Bass music dans son ensemble, du glitch hop, en passant par la Skweee… Un tas de bonnes choses en fait J!!

Pourquoi ce titre ?

Ah ah, la question qui tue !! En fait, on galère toujours beaucoup pour trouver des titres à nos morceaux, alors je te laisse imaginer pour trouver le nom d’un projet complet !! A l’inverse des 2 premiers EP, nous avons fait le choix de partir sur un morceau pour représenter notre EP, il nous semblait donc logique qu’il porte le même nom… Et pour trouver ce fameux titre qu’est «DRIFTING AWAY», on a cherché un nom qui pouvait représenter l’ambiance du disque : le côté bancal, la dérive, et quand tu tapes «DRIFTING AWAY» dans Google traduction ça donne «à la dérive». Mais ça sonne mieux en anglais, nan ? ah ah !!!

En quoi cet album est-il une continuité des premiers ? En quoi est-il une rupture?

A l’écoute des anciens projets tu pourras trouver cette continuité. En fait, sur ce projet on a essayé de garder notre patte et de pousser plus loin les compositions, sans compromis ni limite. On n’est pas parti dans un délire uniquement dubstep ou turbine qui fonctionne à fond actuellement, on a essayé de développer notre touche et d’avoir notre propre son. Après on peut dire que c’est une rupture car on s’est entouré de professionnels pour ce projet, ce qui n’était pas le cas avant car nous faisions tout par nos propres moyens. En effet, ce projet est signé sur le label allemand ITD RECORDShttp://www.itd-music.net/ On bénéficie d’une «vraie» distribution, d’une «vraie» communication car nous avons fait appel à un attaché presse. Matthieu Debliqui (Subjex) a fait le mastering. Et la sortie en vinyle du projet marque aussi une rupture et un tournant important. Ce qui est un putain de kiff au passage, car ça fait un bout de temps qu’on en rêvait.

Comment avez-vous orchestré le travail de composition ? D’enregistrement ?

On a travaillé de la même façon que sur les précédents projets. L’enregistrement et la composition ont été réalisés dans notre « home studio » (le grenier). Dans un 1er temps on part d’une base de l’un ou de l’autre. J’entends par « base » une boucle, un sample, une rythmique, une mélodie ou un thème… Peu importe, sauf qu’il faut que ça sonne un minimum à l’oreille, eh eh !! Ensuite on travaille ensemble, on compose, arrange, on prend des directions, puis d’autres, on teste, expérimente des synthés, des effets, on triture… Et une fois qu’on a un max de bordel et qu’on ne sait plus du tout où on en est, on passe à la structuration et là c’est une toute autre histoire !

Comment s’est déroulée la collaboration avec Ira Lee sur « Kids want to fuck » ?

Ira Lee est une connaissance, un ami de Pierre the Motionless avec qui ce dernier avait déjà travaillé. On a donc eu la chance de le rencontrer plusieurs fois et même jouer sur quelques plateaux communs. Il est de Montréal mais vient régulièrement en France car il joue avec notre pote Funken dans le groupe «The Fox Head » et aussi Rubin Steiner. Ira est un mec cool et il a un pur niveau de rap, il est ultra charismatique et a vraiment une voix qui nous plaisait, ça nous intéressait donc de bosser sur un track avec lui. On lui a donc envoyé une ébauche de l’instru avec une acap calée dessus pour qu’il puisse capter ce qu’on voulait, et il nous a fait un truc qui n’avait rien à voir mais qui nous a tout de suite plu. Ah ah !!! On a ensuite décidé de retravailler, d’éditer et glitcher sa voix pour que ce soit plus fun. Au final on lui a envoyé le track peaufiné et il a aimé, donc c’est cool. On risque d’ailleurs de faire des hits ou des « classiques » comme on dit par chez lui, ah ah !!

Au passage n’hésitez pas à aller écouter les très bons remixes de GESTE (Equinox records) et Pierre The Motionless sur notre soundcloud:

http://soundcloud.com/turnsteak/sets/turnsteak-ira-lee-kids-want-to

Malgré une unité stylistique évidente, les tracks portent des atmosphères différentes. Comment avez-vous choisi les titres ? Quelles sensations vouliez-vous transmettre ? S’agit-il d’un récit musical ?

Effectivement on avait envie de faire un EP avec une unité dans son ensemble. Ça s’est fait assez naturellement d’ailleurs, après la question s’est posée sur la dynamique générale, les vitesses/rythmes, les côtés plus punchy/dark… C’est seulement après avoir trouvé les thèmes principaux de chaque morceau qu’on a vu se dessiner l’ambiance générale. Du coup on a pris le temps de réécouter les démos, de faire un brainstorming et, avec le recul, de trouver les titres.

Dès le départ on a voulu faire ressortir nos côtés surenchère, excès, surprise, fracture : des sensations qui t’emmènent dans tous les sens, et qui te transforment aussi… On peut y voir une sorte de « récit » représentant une personne se transformant à chaque étape par ses excès, ses choix… pour devenir une chimère, mais chacun l’interprètera à sa manière J

Qui a réalisé l’artwork ? Sur quelles bases artistiques ? Quelle image vouliez-vous ainsi diffuser ?

Tous les visuels du EP que ce soit la pochette ou les illustrations web viennent d’EMY du collectif «Arrache toi un Œil». On a eu la chance de la rencontrer lors d’une expo au festival Poulpaphone. C’est JIF (le photographe) qui nous a dit « venez voir ça déchire », on est allé voir, et…ça déchirait. Alors on a pris contact avec Emy pour lui dire qu’on aimait ses illustrations, et pour lui proposer de travailler sur le visuel de notre projet. On lui a alors donné quelques adjectifs pour qualifier nos musiques, ainsi que les titres pour l’orienter un peu… Et elle nous a fait rapidement un premier jet qu’on a aimé, elle a donc bossé sur toutes les illustrations.

D’ailleurs je vous conseille d’aller voir ce qu’ils font, les sérigraphies sont juste énormes:

http://arrachetoiunoeil.free.fr/

« Engrenage »

Pourquoi avoir choisi ce morceau pour représenter l’esprit de l’album ?

Le morceau «Engrenage» n’est pas le morceau le plus représentatif de l’EP. C’est le titre «Drifting away» qui endosse ce rôle. Par contre nous avons voulu mettre «Engrenage» (le second single) en avant à l’aide d’un teaser vidéo et d’une série de remixes car c’est un morceau qui nous semblait adapté pour ça.

Comment avez-vous abordé la série de remix ?

Ça fait longtemps qu’on souhaitait avoir des remixes de nos morceaux, mais nous n’avons jamais fait la démarche de proposer des pistes séparées aux producteurs. En plus, c’est en général assez difficile de récupérer de bons remixes dans les temps avec des échéances aussi courtes. Mais faut dire qu’on a eu la chance d’obtenir de belles productions au final que ce soit sur le titre «KWTF» ou sur «Engrenage ». Et nous sommes assez fiers d’avoir pu réunir autant de monde de différents pays et différents styles à la base, pour faire quelque chose de cohérent.

Pourquoi avoir choisi Lico comme réalisateur ?

Lico est un pote qu’on connait depuis pas mal de temps, c’est un passionné qui a été le premier à nous inviter à jouer sur Bourges (CAVE 40). Trop de bons souvenirs, d’ailleurs faut savoir que ce mec a été le 1er à faire jouer LORN, BJU, …en France. Enfin bref tout ça pour dire que dernièrement il nous a convié sur le GAMERZ FESTIVAL à Aix en Provence, et on a discuté d’une éventuelle collaboration. Il a dit OK, donc c’était parti. On fonctionne beaucoup par affinité si tu veux, et Lico est un mec cool qui bosse bien, donc même si ce qu’il fait artistiquement est assez différent de ce qu’on fait en terme de style et d’image, je trouve le mélange assez cohérent et bon, enfin c’est mon avis, eh eh !!!

Pourquoi ce choix esthétique au niveau de la vidéo qui rappelle par certains côtés le film Fight Club ? Quelles ont été vos influences visuelles et picturales ?

On aime bien ce que propose Lico en général, son univers franc et sans concession. Ça tombait à pique puisque notre travail était dans cet esprit à ce moment là. On lui a donné carte blanche sans savoir vraiment de quelle manière il allait interpréter le morceau !

Cette esthétique change résolument de votre univers habituel. Que vouliez-vous apporter avec cette new touch ?

C’est vrai que ça change énormément, c’est bien foufou, ça nous plait même si c’est différent de ce qu’on diffuse habituellement. A la base c’est une commande, on savait que Lico faisait ce genre de vidéo, et ça nous plaisait de voir comment il allait traduire l’ « Engrenage » en image… Finalement nous avons eu de bons retours sur ce teaser vidéo, et c’est vrai que de nombreuses personnes ont été assez surprises, étonnées par le rendu final.

Peut-on ici parler de « glitch » visuel ?

Ouais, pourquoi pas employer le terme de « Glitch visuel » pour caractériser la vidéo ? La manière dont Lico a travaillé la vidéo est dans cet esprit, au niveau des transitions, du rythme et des recherches de texture mêmes si ce dernier n’a pas utilisé de bug…

Live :

La vidéo semble prendre de plus en plus d’importance dans vos sets. Pourquoi ce choix ?

Depuis les sélections du Printemps de Bourges fin 2010, nous avons fait le choix de nous orienter vers de la vidéo. Nous avons alors décidé de mettre en place un nouveau dispositif scénique accompagné d’un live audiovisuel. On s’est dit que ça pouvait être un plus, et surtout que ça mettrait en valeur notre musique. On s’est donc dirigé vers Julien Appert (l’œil dans la main), on a fait quelques tests et mises en place. C’est à ce moment qu’on a vu l’ampleur que pouvait prendre notre set avec de la vidéo. On a peaufiné en résidence à la Grange à Musique (Creil) et au Studio des variétés avec Franco Mannara. Finalement c’est aujourd’hui très difficile et délicat de jouer sans vidéo tellement cette dernière a pris de l’importance dans nos sets.

Comment avez-vous rencontré Julien votre VDj’s ?

Julien est un mec qu’on croisait souvent à la GAM, sur de nombreux concerts et évènements dans l’Oise. On le saluait mais sans trop le connaître à la base. On a toujours été intéressé et intrigué par ce qu’il faisait en temps que VJ, et un jour on a discuté d’une éventuelle collaboration, le courant est passé et aujourd’hui on bosse ensemble.

Votre live comporte une vidéo extrêmement travaillée. Comment l’avez-vous élaborée avec Julien ? Selon quels critères ? Avec quels objectifs ?

Julien est un mec super autonome et créatif. En gros tu lui donnes quelques mots/ adjectifs, tu lui fais écouter le son, il part dans ses délires et bimmm deux jours plus tard on a une proposition. C’est cool pour nous car on peut le laisser bosser dans son coin, on lui fait entièrement confiance, il est pro et arrive à retranscrire en image ce qu’on fait en musique. Au niveau de l’élaboration c’est donc surtout lui qui gère, mais pour lui faciliter la tâche, on lui a donné des repères en divisant notre set en « bloc narratif ». Pour te donner une idée certaines parties sont prenantes et assez spé, d’autres sont plus légères. Les images s’y raccordant doivent donc être différentes, afin de faire passer le message et l’émotion souhaités.

Selon vous qu’est-ce que cela apporte au public ?

On conçoit désormais nos sets comme un spectacle. L’idée est que les gens en prennent plein la vue et plein les oreilles. C’est vraiment complémentaire, et nous travaillons désormais à plus de cohésion entre l’image et nos compos…

Comment ce live va-t-il évoluer avec le nouvel EP ?

C’est marrant que tu nous poses cette question car on se la pose beaucoup en ce moment. On a commencé à travailler et intégrer les nouvelles compos dans le live. Julien travaille sur des nouveaux médias, tout en essayant de rester cohérent avec les visuels et illustrations d’Emy. Pour ne rien te cacher nous sommes en train de réfléchir à une évolution de l’écran, mais je ne m’avance pas car il y a encore beaucoup de travail et de tests à réaliser avant que ce soit opérationnel.

Mise en place de l’interview : Delphine Neimon / Elliot Emery


Merci aux Turn Steak, à Julien Appert, Lico pour leur temps, leurs réponses.

Merci également à Benoît Joubert de Aimez-vous Brahms ? pour ses explications.


Et plus si affinités

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http://www.culture.youvox.fr/De-prime-abord-Turnsteak-les.html

Printemps de Bourges 2011 Part 16 : Turnsteak, autopsie d’un live en Découverte

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com