PDB 2014 : « the place to be » des attachés de presse ?

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Bourges pavoise aux couleurs de son festival – Printemps de Bourges 2014 – Photo Delphine Neimon

Première semaine de juillet, le temps ralentit doucement sa course alors que les vacances pointent leur nez. L’heure des bilans commence, entre bouclage des comptes et des valises. L’heure parfaite pour revenir sur le PDB 2014 ou comment communiquer en milieu festivalier hostile. « Le PDB? Tu t’fous de nous, cocotte ? ca fait deux mois que c’est emballé, c’t’affaire, ils en sont à annoncer les dates de la session 2015, t’es à la ramasse, ma belle ».

Ce à quoi je réponds un « Que nenni » tonitruant et justifié : deux mois de latence, ce n’est pas de trop, loin s’en faut. Ce n’est pas de trop pour récupérer physiquement d’un festoche long et éprouvant, dixit le bilan conséquent dont témoignent les chiffres que nous ont envoyés nos petits camarades du staff presse avant de partir souffler une semaine pour reprendre des forces :

  • 126 concerts dans les salles, 52 concerts sur les scènes extérieures, 315 concerts dans les bars du Printemps dans la Ville soit près de 500 concerts sur le Festival
  • 8 salles de spectacles payantes, 4 scènes extérieures et gratuites, 25 bars et 20 restaurants dans le cadre du Printemps dans la Ville ;
  • 64 800 places délivrées dont 9 400 invitations, 2429 professionnels accrédités dont 700 forfaits pros payants, soit un taux de remplissage de 92% pour une fréquentation globale de 240 000 personnes ;
  • 380 journalistes de la presse régionale, nationale et internationale, 140 journalistes de la presse Région Centre, 1500 interviews effectuées (dont 355 captations) sur plus de 2000 demandes reçues (dont 482 captations) ;
  • une équipe d’environ 1000 personnes pendant le Festival, 29 antennes régionales et francophones du Printemps de Bourges.
Photo © Jean-Philippe ROBIN
Les captations vidéo durant les concerts – Printemps de Bourges 2014 – Photo JP Robin

Prendre du recul. Nous vous l’avions dit, comme bon nombre d’autres festivals, le Printemps de Bourges tient de l’évènement sportif pour son équipe, et plus spécifiquement pour l’équipe presse dont nous sommes allés observer le travail sur site, in vivo, après en avoir cerné les enjeux et les impératifs en amont durant la préparation de la manifestation. Et confirmation sur le terrain : pas de répit, on y dort peu, sans réel repos, car il est difficile de décrocher du stress et du rythme quand on se couche à 2h du mat après une journée de course poursuite ininterrompue pour ensuite réattaquer à 9h le lendemain avec une réunion de debrief/répartition des tâches tandis que les techos vérifient les installations et que les premiers artistes programmés commencent à débarquer.

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L’espace dédié aux interview – Printemps de Bourges 2014 – Photo Christian Pérrin

Installer chacun dans sa loge attitrée, gérer la valse des balances, des confs de presse, des interviews en face à face, des captas vidéos … juste un enfer ponctué par les sonneries incessantes du portable et le bip lancinant des talkies alors que les reporters débarquent d’un coup en cette fin de mercredi 23 avril qui marque l’accélération du festival. Dans les murs de l’auditorium, nous croisons entre autres les membres de Shaka Ponk (tête d’affiche de la soirée) véritablement encerclés de caméras et de micros. Un exemple parlant : ici les journalistes viennent prioritairement rencontrer les stars, les valeurs sûres. Audience oblige. Quid alors des musiciens moins célèbres, pourtant affichés aux quatre coins de la ville ?

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Accueil presse Printemps de Bourges 2014 – Photo Delphine Neimon

C’est là que l’attaché de presse entre en jeu. Pas ceux du festival, non, ceux des artistes, venus accompagner les formations qu’ils représentent pour assurer leur visibilité auprès des média. Interviews programmés ou rencontres improvisées, les choses se mettent en place deux semaines avant l’évènement proprement dit via une volée de mails annonçant la présence des artistes sur site, mais tout s’active sur site, directement dans le feu de l’action … et en fonction des dispos des journaleux et de la qualité des sets. Pour en savoir plus, nous avons rencontré deux habitués du PDB, Melissa Phulpin de Melissa Promotion et Dominique Marie de MRP. En tant que chargés de promo indé, ils se doivent d’être à Bourges pour mettre en avant les groupes dont ils s’occupent, qu’ils jouent sur site ou pas. Aussi Bourges, ils connaissent. Comme leurs poches.

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Melissa Phulpin – Melissa Promotion

Une maîtrise de Lettres modernes, 2 ans d’EFAP, des stages chez Polydor, la Fnac, Columbia, … Melissa a toujours voulu travailler dans le milieu de la musique. Les RP se sont imposés d’eux-mêmes avec son premier stage, effectué dans la section Communication de V2. Indépendante depuis cinq ans,voici cinq ans que cette grande blonde volontaire et efficace sillonne l’espace pro du PDB. Elle nous rapporte sa perception, sa vision de la communication au sein de ce festival précisément et au cœur d’une profession bouleversée par les NTIC.

Comment as-tu vu évoluer la profession à l’heure des nouvelles technologies ?

Quand j’ai commencé, on postait des fax (!) pour informer les programmateurs radio et journalistes des sorties … puis on passait pas mal de coups de fil. Désormais, on s’échange surtout beaucoup de mails. Par ailleurs, le web est désormais un vecteur d’information très important. Les blogs ont remplacé la presse musique indé presque inexistante désormais à part quelques exceptions (ouf). Certains attachés de presse se sont spécialisés en promo web. et ils ont beaucoup de boulot!

Quels enjeux ce festival constitue-t-il pour un RP ? Quelle mission avais-tu pour la session 2014 ?

Tu croises tous les journalistes et programmateurs à Bourges, ou presque. Puis tu peux les inciter à venir voir les groupes que tu défends sur scène, c’est l’objectif. J’avais quelques artistes sur cette édition (Fauve, Breton, Hollysiz, Coming soon, Robbing millions, Kid Wise, feu! chatterton) et donc pas mal de plannings promo à gérer.

Quelles techniques pour capter l’attention des media et des pros à Bourges ?

Le service de presse du festival cartonne, ils font le plus gros du travail. Après, le bouche à oreille fonctionne plutôt bien aussi.

Comment a évolué ton approche du festival en termes de communication, de visibilité des artistes ?

Cette année, les artistes avaient vraiment beaucoup de demandes d’interview, donc de plus en plus de visibilité.

Aujourd’hui qu’est ce qui va séduire un media ?

De la bonne musique avant tout, et si possible un contexte, une histoire. Des choses à raconter.

Un festival de bourges réussi, cela suppose quels critères selon toi ?

Qu’on s’amuse! Ce fût le cas cette année.

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Dominique Marie – MRP

Il organise son premier concert à 17 ans, manage des groupes, fait son service civil dans une radio locale.Premier job ? Turbulences (promoteur, tourneur et organisateur d’un salon rock ‘Rock Affair. Deuxième job ? Musidisc (label/distribution) travail sur les concerts des petits groupes du label, puis entrée au service promo. Troisième job ? Roadrunner. En parallèle il participe à la création de la Ferarock. Et devient RP indépendant en 2000.

Sacré parcours pour ce diplômé de géographie qui plonge tête baissée au coeur des musiques actuelles dans les 80’s alors qu’elles sont en pleine expansion. Le secteur ? Il l’a vu évoluer, le Printemps de Bourges aussi qu’il fréquente depuis des lustres. Il en connaît les règles implicites, les ficelles, les dessous, les coulisses. Et nous raconte.

Pourquoi le choix des RP ? Depuis combien de temps pratiques-tu cette activité ? Comment as-tu vu évoluer la profession à l’heure des nouvelles technologies ?

Le premier tournant a été chez Musisdisc, c’était la porte ou la promo. Le deuxième, mon départ de chez Roadrunner… Que faire???? Pourquoi pas de la promo en indé, nous n’étions pas très nombreux à ce moment là. Pour le moment, le travail ne change pas en profondeur… Il faut toujours faire parvenir du son aux médias… Et une grande majorité veut toujours du physique…. On sait que cela changera mais ce n’est pas encore totalement le cas. Et les supports physiques ne sont pas en évolution…. Mais le papier, l’hertzien, la télé restent très importants.

Bourges : depuis combien de temps fréquentes-tu le Printemps de Bourges ? Quels enjeux ce festival constitue-t-il pour un RP ? Quelle mission avais-tu pour la session 2014 ?

Je ne sais plus vraiment depuis combien de temps, je vais au Printemps…. A cette époque, les concerts finissaient à 22 heures et il n’y avait plus rien après. C’était au début des années 90.
Le Printemps de Bourges reste l’endroit ou l’on peut rencontrer le plus de monde et souvent dans des conditions sympathiques. J’y vois un rôle de salon de la musique que l’on ne rencontre pas aussi complètement même à la Jimi, même au Mama. C’est aussi l’occasion de présenter et donc de découvrir de nouveaux groupes ou de nouveaux spectacles. Les occasions sont nombreuses, sans doute même un peu trop … Cette année, je n’accompagnais pas de groupes. Donc j’ai rencontré des gens : clients potentiels, journalistes que l’on ne voit pas souvent à Paris. Je suis toujours entre mes 2 casquettes : RP et Férarock. Et cette année pas de planning promo à suivre.

Quelles techniques pour capter l’attention des media et des pros à Bourges ?

Leur payer un verre. Et ce n’est pas facile parce que les occasions de boire sont nombreuses. Il faut surtout s’y prendre bien en amont du festival et il est bon d’avoir déjà des choses à mettre en avant. C’est plus simple pour les Inouïs parce qu’il y a obligatoirement mise en avant et quasiment obligation d’y aller. C’est plus compliqué pour les autres scènes gratuites.

Comment a évolué ton approche du festival en termes de communication, de visibilité des artistes ?

Je ne pense pas qu’il y ait de recettes miracles… Il faut être présent, insistant sans être dérangeant… de la promo quoi.

Aujourd’hui qu’est ce qui va séduire un media ?

C’est une question difficile… La qualité d’un artiste, d’un groupe devrait suffire. Mais il faut plus, toujours plus… Je ne sais pas s’il y a une recette miracle.

Un festival de Bourges réussi, cela suppose quels critères selon toi ?

Que le résultat des rencontres soit efficace. Qu’il y ait un résultat. Passer des moments sympathiques avec des gens est important, même et surtout pour les relations à finir. Et si je travaille avec un groupe, qu’il y ait le plus de retombées possible.

Un grand grand merci à Melissa et Dominique pour leur regard et leurs réponses.

Et plus si affinités

http://www.printemps-bourges.com/fr/accueil/bienvenue.php

Album photos

https://www.facebook.com/media/set/?set=a.617137148365217.1073741901.114156521996618&type=3

Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !