Le Vaisseau fantôme par Alex Ollé : Wagner à son apogée ?

Quatrième œuvre de Richard Wagner, Le Vaisseau fantôme est un opéra romantique inspiré des Mémoires de Mr de Schnabelewopski de Heine. À travers un parfait mélange des genres, on y retrouve des thèmes chers au compositeur : l’errance ou la rédemption, par l’amour, par exemple. Le metteur en scène Alex Ollé en préserve l’essence tout en lui imprimant une esthétique plus moderne.

Préserver l’essence du tragique

L’histoire ? Après avoir défié Dieu, un marin hollandais est condamné à errer éternellement sur les flots. Tous les sept ans, il peut un peu plus racheter sa faute en séduisant une femme prête à mourir pour lui. Senta, la fille de Daland, connaît cette légende, elle la chérit jusqu’au moment où le fameux marin surgit devant elle : il l’a choisie pour être la prochaine victime.

Cet opéra a toujours déchaîné les passions. Mettre en scène une œuvre si magistrale, c’est se confronter aux idées préconçues du spectateur : chacun a son avis sur Le Vaisseau fantôme avant même de pénétrer dans la salle. Le drame lyrique est à son apogée, les émotions surhumaines. Cette œuvre remarquable du répertoire Wagnérien est ici actualisée sans jamais être dénaturée pour préserver l’essence du tragique.

Un chaos sans nom

Le metteur en scène Alex Ollé respecte le caractère intemporel de l’intrigue en se laissant tout de même quelques libertés, comme celle de situer le spectacle à Chittagong, port du Bengladesh connu pour son cimetière de marins. On voit ici des décors irréels, le bateau imposant et métallique est présent sur la gauche de la scène, il est abîmé, inaccessible. Symbole métaphorique du voyage et de l’errance, il est coincé dans la scène, échoué sur cette nouvelle île.

Le rendu visuel est magnifique, les voix s’élèvent dans un chaos sans nom, une violence relevant presque du champ de bataille balayé par l’ouragan. La mise en scène est époustouflante, de même la musique dirigée par Kazushi Ono. Au troisième acte les chœurs sont impressionnants. D’autre part Magdalena Anna Hoffmann est des plus touchante avec son timbre magnifique dans le rôle de Senta.

Clotilde Izabelle

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