La Sociologue et l’ourson : beaucoup de bruit pour rien ?

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Oui c’est le titre de la comédie de Shakespeare qui vient immédiatement en tête en regardant ce film. Car La Sociologue et l’ourson de manière claire, ludique et mélancolique à la fois, aboutit à une conclusion pour le moins amère : tout ce battage médiatique, cette violence sociale, cette homophobie exprimée ouvertement, cette mauvaise foi doublée d’arguments totalement dépassés et discriminatoires, … pour finalement faire ce qui est juste et tolérant, donner à chacun le droit d’épouser qui il aime, d’avoir des enfants par amour, dans la volonté la plus saine, la plus normale, la plus humaine d’être reconnu et accepté. Rien donc sinon une normalisation, une banalité, une acceptation, une intégration légitime.

Mais pour en arriver à ce rien, quelle bataille, mon Dieu, quelle passion, quelle brutalité ! Le mariage pour tous est instauré en 2013, nous sommes en 2016 et c’est seulement maintenant qu’on peut revenir sur ce combat avec un peu plus de sérénité et de calme. Un combat en forme de gestation avec ses neuf mois de débats, de querelles, de manifestations, d’affrontements. Comment retracer cette grossesse à risques sans retomber dans la fièvre qui l’a secouée de bout en bout ? En prenant de la distance, en recadrant la question de la famille, de son évolution, de sa modernisation. Pour ce faire, Mathias Théry, l’un des réalisateurs du documentaire avec Etienne Chaillou, interroge sa mère, Irène Théry, sociologue et supportrice du projet de loi. Il l’interroge comme le ferait un enfant, demandant des explications, le pourquoi du comment, enregistrant leurs conversations pour les restituer par la bouche d’une peluche.

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Une ourse qui raconte la longue histoire du mariage, de l’enfantement, de la place du couple dans notre Histoire, notre code civil, notre esprit. Émancipation des femmes, droit à l’avortement, mariage par amour et non plus par arrangement ou obligation, affirmation de l’homosexualité, refus de l’hypocrisie … sous la forme d’un conte, c’est la lente progression vers la modernité des libertés individuelles qui apparaît dans ce théâtre de marionnettes aux allures enfantines si fraîches et candides. Cela fait du bien, cela rassure, cela apaise, surtout quand on compare ces images si douces avec la violence des contestations conservatrices venues d’un âge révolu. Beaucoup de bruit pour rien, nous disent malicieusement ces peluches inoffensives, comme si ces hurlements n’étaient pas autre chose qu’un long cri d’agonie de croyances moribondes qui refusent l’oubli, pourtant inéluctable.

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Moment inoubliable et fort, cet instant où la petite peluche nous explique sa rencontre avec une de ces mères porteuses qu’on plaint quand on ne les conspue pas, pensant à tort qu’elles vendent leur ventre par appât du gain. Et cette dernière d’expliquer que ce geste fut pour elle une fierté, celle d’aider à apporter la vie à un couple qui désire la donner. Peu importe qu’il s’agisse des deux personnes de même sexe ou d’un foyer hétéro ; la véritable question est ici celle de l’amour, perpétué dans le futur. Avec des termes simples et une douceur toute maternelle, La Sociologue et l’ourson explique, donne les clés pour enfin comprendre, accepter, légitimer une décision qui n’aurait jamais dû soulever la moindre contestation dans un état de droit voué à la laïcité et au respect de tous dans leurs différences. Et l’on se demande alors pourquoi : pourquoi notre pays, patrie des droits de l’homme, a pu se complaire dans pareil refus quand d’autres, plus traditionnels, ont depuis longtemps accepter la chose ? Heureusement le bon sens a prévalu, … mais pour combien de temps ?

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En apparence léger, souvent drôle, le film tire cependant la sonnette d’alarme, nous poussant à une vigilance accrue dans la protection constante de ce qui fait notre démocratie : le droit à l’égalité, le refus de l’intolérance. Il est à regarder par tous, comme un élément éducatif d’une grande intelligence, un outil pour former les générations futures en gardant en mémoire la fragilité d’un système qu’il faut à tout instant protéger.

Et plus si affinités

Pour vous informer sur ce film et ceux qui l’ont fait, cliquez sur ces liens :

http://em-films.fr/portfolio/la-sociologue-et-l-ourson/

https://www.facebook.com/LaSociologueEtLOurson/photos?ref=page_internal

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com