FIVE de Laura Arend au Avignon OFF : je t’écris d’Israël où désormais je vis …

Photographie Jérôme Brody

Rendre hommage à son pays d’accueil – Israël – tel est le projet que la chorégraphe Laura Arend propose avec FIVE, quintet enlevé joué au Théâtre Golovine jusqu’au 30 juillet. Récit d’une soirée avignonnaise.

Golovine est depuis toujours une des places fortes de la danse au coeur de la Cité des Papes ; quand sonne l’heure de son célèbre festival c’est toujours avec envie que les amoureux de l’art chorégraphique se pressent aux portes de la rue Sainte-Catherine pour découvrir une programmation de choix.

Sur le créneau horaire envié de 20h30, Laura Arend, à la tête de la jeune compagnie Laboration Art Company joue sa nouvelle création FIVE. Cet hiver à Paris, elle avait impressionné avec YAMA inspiré de son voyage en Inde et de sa découverte de la philosophie yogi. Ici, c’est une autre carte postale qu’elle rédige : celle de ses cinq premières années passées à Tel-Aviv où elle a élu domicile. Laura Arend est une artiste globe-trotteuse. Ses dons pour la danse l’ont font voyager incessamment depuis ses premiers pas dans un studio. Il y eut d’abord sa Lorraine natale, Lyon, un des centres névralgiques de Terpsichore, le New-York du Merce Cunningham Studio puis en 2011 son intégration dans la Kibbutz Contemporary Dance Company (KCDC) en Israël.

C’est à ce Proche-Orient qui lui a permis de belles rencontres artistiques qu’elle rend ici humblement hommage. Avec son regard d’européenne, elle tisse le portait impressionniste d’un pays fascinant. Entourée de solides interprètes issus des principales compagnies israéliennes que sont la Batsheva, le Kibbutz Dance Company ou encore Vertigo, Laura « invite à un voyage entre le point le plus bas de la terre, la mer morte et les marchés folkloriques. Entre le bleu luisant de la Méditerranée et l’agitation des vies à mille à l’heure ».

Composé de plusieurs tableaux, FIVE embarque le spectateur dès son ouverture sur les eaux de la Mer Morte. L’ambiance y est sereine, hypnotique. Blanche. Mais Israël peut être plus sombre et loin de tout repos. Il y à Jérusalem, gardienne farouche de traditions folkloriques enjouées, Tel-Aviv bulle d’énergie où la jeunesse s’active à construire un État puissant … Il y a aussi les conflits de ce pays en état de guerre permanent.

Avec humour, la chorégraphe dépeint les us et coutumes de l’État juif : son goût peu inspiré pour le combo claquette-chaussette (étonnamment à la mode dans les cours de nos écoles ce printemps !) ; son amour transi du football ou des gâteaux apéritif. Avec sérieux, l’artiste n’en oublie pas moins de décrire l’angoisse quotidienne d’un peuple face aux attentats dans un tableau final à la chorégraphie aussi précise que glaçante qui sonne le terminus d’un voyage mémorable.

Kaléidoscope de sensations et d’émotions, subtil mélange de danse improvisée et de partitions chorégraphiques très techniques, FIVE est porté par une troupe de haut vol et la pièce rend in fine autant hommage à Israël qu’à l’excellence de sa danse et de ses danseurs qui entourent sur scène la chorégraphe. Il convient d’ailleurs de tous les (féli)citer : Nitsan Mergaliot, Marija Slavec, Lola Mino, Eli Cohen et Nitsan Mergaliot.

Dans le dossier de presse consacré à cette pièce, qui partira dès la rentrée en tournée, la chorégraphe écrit : « L’objectif de FIVE est de faire entrer danseurs et spectateurs dans un même espace d’exploration et de représentation ». Cet objectif est largement atteint. En toute humilité et sincérité. Accessible, frais et grave à la fois, FIVE est promis à un joli succès en Avignon.

Lucille Solal-Cohen

Et plus si affinités :

http://www.theatre-golovine.com

https://www.laborationartcompany.com/five

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