Botin mondain : visite du Centre Botín de Santander

Photographies Nicolas Villodre

Nous avons eu le grand plaisir de visiter le Centre Botín de Santander, qui tire son nom de celui d’un mécène natif de la cité, un chef d’œuvre architectural signé Renzo Piano inauguré cet été à l’arrivée de la Saint-Jean.

Tout se passe comme si la Cantabrie suivait maintenant l’exemple du pays basque qui, avec le musée Guggenheim de Frank Gehry a remporté un étonnant succès public, boostant, comme disent les jeunes, l’économie de Bilbao. Et il n’est de doute que, comme le souligne d’ailleurs un quotidien monarchiste, “l’effet Guggenheim” de l’édifice en titane de Gehry ait “aimanté” ce Centre d’art, comme il a suscité nombre de musées du nord de l’Espagne, que ce soit celui de l’Université de Navarre à Pamplune et le Kursaal Donostia à Saint Sébastien (deux bâtiments de Rafael Moneo) ou le Centre Niemeyer d’Avilés. Il ne faudrait néanmoins pas oublier que Piano a été pionnier en la matière puisque, plusieurs années avant que son illustre confrère torontois se fasse remarquer par des réalisations muséales, il avait été l’un des bâtisseurs du musée d’art moderne emblématique, s’il en est : le Centre Pompidou qui célèbre déjà ses quarante ans.

Tenant compte des inconséquences, des faiblesses et des obstacles rencontrés au cours de sa longue carrière (monumentalisme, caducité des matériaux, blocages urbanistiques politiques, etc.), Piano, soutenu par Íñigo Sáenz de Miera, le directeur général de la Fondation Botín, a été jusqu’au bout du projet, le modifiant à la marge après quelque contestation locale portant sur son emplacement. Nous n’en sommes pas encore à pouvoir estimer l’impact économique de cette nouvelle institution sur les hôteliers, les commerçants et les chauffeurs de taxi de la région et nous bornerons à constater la beauté de la construction, que l’on peut admirer infiniment, tant elle est animée par la lumière fluctuante, maritime et céleste.

A échelle humaine, de forme minimaliste aux contours apaisants, bâti sur pilotis à hauteur de cime d’arbre, structuré en deux étages transpercés par des baies vitrées, recouvert d’une carapace de dizaines de milliers de pièces de céramique circulaires et miroitantes, distribué en deux ailes ayant chacune une fonction sociale spécifique (l’une est entièrement vouée à l’art, l’autre est destinée aux nouvelles formations du public) reliées entre elles par un “pachinko” d’escaliers métalliques, idéalement situé en bordure d’océan, sur le môle de la Albareda, à quelques dizaines de mètres de la cathédrale mais aussi, il convient de le noter, du Banco de Santander dont Botín Junior fut président, environné des Jardins de Pereda réaménagés avec l’aide du paysagiste Fernando Caruncho, le splendide centre donne l’impression de flotter sur l’eau et obéit à une idée philosophique de Piano, simple d’apparence : celle de “nous rendre meilleurs”.

Les expositions inaugurales, programmées par Benjamin Weil, le directeur artístique et Vicente Todolí, l’ex-directeur de la Tate Modern, sont d’un très haut niveau artistique. Outre une sélection d’œuvres issues de la collection permanente du Centre, ceux-ci ont présenté la première monographie de Carsten Höller en Espagne qui satisfera le public amateur de contemporain et d’installations et un extraordinaire choix de dessins de Goya qui fera l’unanimité. Souhaitons que la suite tienne ces promesses.

Et plus si affinités

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Nicolas Villodre

Posted by Nicolas Villodre