Album : Kaitlyn Aurelia Smith – Ears – Western Vinyl – 2016

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On était passé complètement à côté d’Euclid, le précèdent album de Kaitlyn Aurelia Smith. Probablement persuadé d’avoir couvert le spectre de l’histoire des synthétiseurs, ou d’en être revenu. Une histoire et une descendance remise au devant de l’actualité musicale dans la décennie actuelle ; des rééditions inestimables de figures pionnières (Laurie Spiegel, Suzanne Ciani ,..), une reconnaissance tardive mais inattendue pour la musique liée au mouvement new-age, et les artistes d’aujourd’hui qui ne cessent d’expérimenter, de poursuivre cette quête, absolument pas progressive, plutôt contemplative : Ears arrive au moment où les plus sceptiques ont déjà classé tout cela comme un phénomène de mode, une lubie passagère de hippies et laborantins de la côte ouest américaine. Et Kaitlyn Aurelia Smith pourrait aisément revêtir cette panoplie.

Sauf que Ears explose tous les préjugés. Un disque électronique peut être à la fois aventureux et accueillant. Chaleureux voire réconfortant mais en gardant un son indomptable et spontané. Deux hypothèses possibles mais qui ne feront pas office d’explications du talent de la musicienne : une voix beaucoup plus présente,qui emmène aussi l’album sur des rivages avant-pop. Et l’utilisation des bois. Présence d’instruments autres que les synthétiseurs les plus mystérieux (Buchla, Oscar, Korg,..) qui poursuivent dans cette direction musicale indé, vers un alliage organique/synthétique (on pense aux albums de Colleen).

Mais assez d’analyses, car cet album a la grande qualité de s’installer dans nos oreilles, comme chez nous. Que l’on soit fasciné par l’incroyable potentiel de sons en provenance de ces étranges machines, ou tout simplement enveloppés par la magie de Ears sans savoir vraiment ce qu’il s’y passe. Comme souvent avec les synthétiseurs, quelque chose relève ici du simple habillage sonore, art pop et mineur par excellence, mais qui traverse le temps de manière insoupçonnée. Admiratrice de Terry Riley, en contact avec Suzanne Ciani, et repérée pour ouvrir la tournée américaine d’Animal Collective, Kaitlyn Aurelia Smith, loin d’être perdue, vient de prouver avec ce nouvel album qu’elle figure désormais en bonne place dans le who’s who des musiciens actuels à suivre.

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Et plus si affinités
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http://www.kaitlynaureliasmith.com/
http://westernvinyl.com/shop/wv145.php

Thomas Malésieux

Posted by Thomas Malésieux