Album : Ducktails – St. Catherine – Domino

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Que reste-t-il de nos années hypnagogiques ? Celles pas si lointaines, début 2010, où l’on s’endormait sur des disques essentiellement américains, la tête pleine de levers et couchers de soleil, aussitôt transformés en souvenirs ancestraux le lendemain. Matt Mondanile est un second couteau de ce mouvement mirage . Un peu en retrait des prouesses instrumentales sur claviers qui constituent les riches heures de cette épopée, son ADN musicale conservait songwriting et production lo-fi.

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Conçu chez lui et lors de la tournée de son autre groupe Real Estate, St.Catherine a ensuite bénéficié des soins du producteur Rob Schnapf (connu pour ses services discrets sur les disques d’Elliott Smith) et d’une petite équipe de musiciens haut de gamme, mais pas encore requins. Le premier extrait, « Headbanging in the mirror », annonce effectivement la couleur : une mélodie accrocheuse, un effet de production qui rend l’affaire un peu plus venimeuse (l’iconoclaste et toujours underground James Ferraro est ici invité en ami). Absolument rien de nouveau sous le ciel dream pop, mais quelle belle ouvrage !

On se surprend ainsi à laisser couler l’album dans son entier, sans lassitude. Car chaque titre semble avoir son arrangement particulier, même les deux instrumentaux sont particulièrement plaisants, offrant un léger décalage à l’ensemble. Un coup de pouce de la voisine Julia Holter avec deux de ses musiciens et ces simple pop-songs (« Heaven’s room » et « Church ») prennent une nouvelle ampleur, d’autres tonalités, des chœurs rêveurs et cordes délicates. Comme nous le précise le communiqué de presse qui accompagne l’album et qui cite Broadcast et Stereolab, c’est un disque que Mondanile voulait à la fois plus punchy et baroque.

Avec ses airs indie-pop d’un autre temps, pas sûr que St. Catherine se fasse une place au soleil face à la concurrence, mais la mission est accomplie avec panache. Nous laissant quelques heures plus tard à fredonner riff ou paroles (« Peux-tu arrêter de penser que la vie est une blague quand tu sais que tout le monde souffre ? Prétendant que tout va bien, laissant ta dignité derrière »sur « The Laughing woman » ). Tout cela peut sonner parfaitement inoffensif et sans conséquence, mais après un mois d’écoutes, St. Catherine ressemble déjà à une victoire.

Et plus si affinités

http://www.dominorecordco.com/uk/albums/30-04-15/st-catherine/

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Thomas Malésieux

Posted by Thomas Malésieux