Théâtre sans animaux : Jean-Michel Ribbes et la cocasse autopsie de nos absurdités

Théâtre sans animaux ? probablement ma plus grosse crise de rire au théâtre. À m’en étrangler, à en pleurer pendant des heures. Il faut dire que Jean-Michel Ribbes s’y lâche avec une délectation incroyable, faisant pétiller les répliques, les situations incongrues. En ligne de mire : la cocasse autopsie de nos absurdités.

À voir et à entendre

La pièce est écrite en 2001, mais elle fonctionne toujours au quart de tour. Au cœur de sa mécanique :

  • des situations absolument incroyables et décalées : un homme qui ne peut arrêter de fumer qu’en portant une perruque Louis XV, un autre qui a oublié le prénom de sa fille, un stylo géant qui tombe dans un salon et j’en passe ;
  • des répliques désopilantes d’absurdité, qui découlent du quotidien, des conversations les plus banales pour en dévoiler les drôleries à l’extrême ;
  • des personnages à la fois cruels, doux, tendres, d’une mauvaise fois impayable dans laquelle nous ne pouvons que nous reconnaître.

Pour tout dire, le chassé-croisé institué par Jean-Michel Ribbes ne peut pas se décrire. Il faut le voir et surtout l’entendre. Extrait avec le tableau intitulé « Tragédie » :

Une plume qui virevolte

Treize minutes de pure délectation, servies de façon absolument folle par Annie Grégorio et Christian Pereira, aussi inspirés que leurs autres petits camarades de la distribution délicieuse proposée par le Théâtre du Rond-Point. Et les sept autres saynètes sont du même acabit, rebondissant sur les mots, opposant l’animal que nous étions à l’humain que nous sommes devenus.

La plume de Jean-Michel Ribbes y virevolte avec autant d’aisance que lorsqu’il façonnait la série Palace, Merci Bernard ou les Brèves de comptoir. Elle y virevolte avec tant de panache que le texte est entré au Panthéon des ouvrages désossés pour le bac de français. Désossage qui au finish fait apparaître la tristesse, la solitude et l’incompréhension en action sous le rire.

À voir, revoir donc avec beaucoup d’attention, car Théâtre sans animaux ne nous fait pas rire aux larmes pour rien.

Et plus si affinités

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com