La Tour Paris 13 : annuler l’éphémère par la dématérialisation

Elle défraie la chronique, on s’y précipite, c’est l’event à la mode. La Tour Paris 13 actuellement se pose comme un sommet de l’art éphémère. Du coup 7 heures de queue minimum et un nombre conséquent de malaises vagaux parmi les candidats à la visite (une copine notamment, tombée au chant d’honneur du urban art, vaillante, elle est revenue le lendemain de son évanouissement affronter l’attente).

C’est que, détruit fin 2013, cet immeuble constitue une synergie créative peu commune fondée sur un principe simple : « à chaque artiste, un espace donné à investir, du mur au plafond, des interventions bénévoles et volontaires, une exposition ouverte à tous, sans aucune démarche commerciale, « rien à vendre », puisqu’à la fin, tout disparaîtra dans les gravats ».

Tour Paris 13 par tourparis13

La démarche a mobilisé les lieux, les talents et les volontés :

  • plus de 4 500 m2(sol, plafonds, murs, …) sur 9 étages, soit 36 apparts de 4 à 5 pièces chacun, certains encore équipés
  • une centaine d’artistes issus du street art à l’internationale (Europe certes mais aussi Liban ou Arabie Saoudite) et venus illustrer les vastes possibilités de ce type d’expression ;
  • l’accord de la galerie spécialisée Itinerrance avec la Mairie du 13eme arrondissement et ICF Habitat La Sablière en charge du bâtiment, pour offrir ce champs d’action aux artistes et propulser l’art urbain en intérieur ;
  • l’intérêt de France Ô, Francetv nouvelles écritures, La Blogothèque, le Mouv’ et Canalstreet.tv qui ont ainsi travaillé au développement de supports gardant trace de l’expérience, notamment un documentaire et un site.

Effectivement en parallèle de la Tour 13, un portail web dédié en expose la plastique ( et certains artistes se sont vraiment lâchés dans l’exploration) et en tisse la mémoire au fil d’un compte à rebours placé là comme un sablier inéluctable. C’est ce site qui a attiré notre attention, car outre l’opportunité offerte à tous de découvrir l’endroit en faisant fi des barrières géographiques, il permet aux spectateurs virtuels d’être dans l’interactivité de ce musée d’un nouveau genre. Mais se terminera pas avec lui.

Explications : ce projet transmedia orchestré Thomas Lallier facilite l’immersion et l’interaction avec observation des artistes à l’œuvre, écoute de leurs explications, photos de leurs créations, le tout organisé sur l’échelle des 9 étages avec bande sonore, et possibilité d’ajouter ses propres clichés aux éléments préexistants. Et de sélectionner les œuvres qui plaisent, cela 10 jours encore après la fermeture officielle de l’immeuble. Seules ces œuvres choisies survivront, immortalisées par le site. « Confrontés au caractère urgent et éphémère du Street Art, c’est au final par la mobilisation des internautes que le projet de la « Tour Paris 13 » pourra survivre ».

La chose a ceci d’intéressant qu’elle intègre internet dans le processus comme un moyen de sauvegarder virtuellement une création artistique concrète et de la valoriser en conservant son image et la mémoire de ce qui l’a générée. Ou quand l’art éphémère trouve sa pérennité dans la dématérialisation.

Et plus si affinités

www.tourparis13.fr

www.itinerrance.fr

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com