In love with Brice et sa pute : interview et mode d’emploi

Mr Brice et sa pute ont la joie de vous annoncer la naissance de leur premier album.

Il a reçu le doux nom d’Amour.

Néanmoins, cet enfant étant déjà très turbulent et rebelle

(à l’image des parents qui sont assez imprévisibles)

nous avons préféré annuler toute cérémonie de baptême,

cela afin d’assurer la sécurité physique et mentale du public.

Ceci n’est pas un avertissement de la prod, … mais ça aurait pu.

Amour est un petit ange implosif : nous en préparons la chronique depuis quelques temps déjà (merci à Marie et Pierre qui nous ont confié le bébé encore dans ses langes –pas franchement le meilleur choix de nounou du reste, nous ne sommes pas des anges, loin de là).

Et à force d’écouter la verve/arsenic de Jolie Marie, nous en sommes venus à la conclusion qu’un petit interview s’imposait. Pour comprendre la lente mais féconde gestation de cet album, en quoi il marque un passage pour le groupe, ce qu’il annonce pour la suite.

Retour de couches donc et interview drolatique des deux zigotos qui nous en disent un peu plus sur leur conception de l’Amour.

Brice et sa pute : parcours

Présentez-vous. De quels horizons venez-vous ? Quelle est votre formation musicale ?

Et bien petit chat, nous venons tout deux d’une famille rhônalpine recomposée, nous avons été très sages à l’école, eu des ennemis, chanté, dessiné, écrit, nous avons été déçus par la vie, et puis nous avons fait la même formation audiovisuelle pour apprendre à manipuler les gens par le biais de la triche. Quant à la formation musicale, eh bien classique pour l’une, actuelle pour l’autre…

Quand et comment s’est formé votre duo ? Sur quel principe ? Pourquoi le nom de Brice et sa Pute ?

Il est né en 2007 sur un constat inévitable de conneries communes et d’un grand sens du sérieux en dedans. Pourquoi ? Hasard ; on ne peut pas tout expliquer. Quant au nom, comme toutes les grandes inventions il vient d’un petit rien qui fait tout : Rémi Moulin.

D’où vient selon vous, l’alchimie particulière qui vous unit ?

De l’incompatibilité. Et de l’évidence.

Vous avez chacun des side projects. En quoi se croisent-ils et s’influencent-ils avec celui de Brice et sa pute ?

Nos autres projets sont très différents et donc forcément ils permettent un énorme recul sur ce qui est fait dans Brice et sa pute. Et inversement. Pierre Pierre, un chanteur romantique, Ronfle, un groupe de free jazz, La degustacion, du rock espagnol LV2, Lipstick Royale un groupe de disco-rock… Allez-y, piochez ! Et encore on cite pas nos potes proches qui font tous des trucs déments…

Quelles sont vos influences musicales ? Comment se complètent-elles ?

Il y a des choses qu’on avait en commun de base (Nino Ferrer, Les chansons plus bifluorés, Radiohead, Mister Bungle Pow wow, Dionysos eh oui pas de honte) et des choses que l’on s’ait fait écouter (The Dresden Dolls, Didier Super, The Dead Kennedys, Katerine, The Cramps) Estonish nein ? En gros il y a de la chanson loufoque, du rock, de la musique spectaculaire… Et le classique ! Bref surtout chanson pour lui, ambassadeur de la chanson kitch, et punk, rock pour elle, qui traîne dans les concerts lyonnais.

Comment avez-vous inventé les identités de vos personnages respectifs ? Comment ont-ils évolué avec le temps ?

On s’est d’abord maquillé, Ô libération ! Plus de contraintes, de peurs d’être cons ! Ensuite, on s’est raconté pleins d’histoires avec les objets qu’on avait envie de voir avec nous : la cage le fauteuil, qui est dedans qui est dehors qui est enfermé, attaché, triste, gagnant, sur quelle chanson… Et ensuite, après s’être pris la tête avec ça pendant 3-4 ans, on a décidé de désapprendre ces mécaniques pour tout simplement penser rock, et faire un bon concert ! Mais cette traversée nous a laissé des traces et nous a permis de nous rendre compte que ce qui compte c’est que ce qui est suggéré, est énorme, large, riche, personne n’a besoin d’explications : un fauteuil, une cage, une femme, un homme, sur une planche, avec une basse, un café, what else ?

Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer il y a deux ans au Printemps de Bourges où vous étiez présents dans le sillage de Médiatone. Que s’est-il passé depuis ?

Oh, par rapport à ce festival rien de spécial, c’est quand même la grande mascarade là-bas, mais on a joué un max, abordé les festivals de rue, gardé la pêche, monté notre album (1 an de boulot hein), accueilli d’autres groupes dans notre structure (Poil), consolidé notre asso, tenté de rémunérer les gens… Bref on devient des adultes chiants, des grandes personnes cernées qui veulent plus jouer au Métal Café ou au Fucking Blue Boy…

Composition et textes

D’où vient l’idée de l’association voix + guitare + palette/percussions ?

On a été contraints au départ par nos capacités, et puis c’est devenu un choix, un cadre limité dans lequel on se réalisait, la simplicité créé la sincérité, ça nous permet de dire, de faire des choses très limite mais vu qu’on se mouille beaucoup, on est dans le vrai, on ne peut pas se moquer.

Comment se passe le processus de composition ?

On fait tout à deux, c’est très lent, on part du texte et d’une idée vague, d’une sensation, d’une caresse, d’un souffle… Bref processus de fourmi pour compositions brodées.

Vos textes sont d’une extrême importance, très crus et surréalistes à la fois. Qui les écrit ? Selon quelles sources d’inspiration ? Que cherchez-vous avant tout : le son des mots ou les images suscitées ?

Elle écrit les textes seule. Certes, le son des mots et leur sens créent des images qui racontent, si besoin est de le dire. Image et son, quoi, t’sais !

Tout votre univers évolue entre éros et thanatos, entre sexe, perversité, innocence de l’enfance et entrée dans le monde adulte, entre plaisir, violence et meurtre. Pourquoi ces thèmes récurrents ?

Ça fait parti de ce cadre, cette contrainte qu’on s’impose qui permet tout au final, un thème qui permet de traverser tous les sujets en vérité, et en plus on a le tampon « mauvais garçons » ça c’est rock ! On fait du dur avec des conditions limitées en live et ça crée une sorte de survie essentielle.

L’album Amour

Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Ouh, difficilement, pas d’argent, une gestation plus longue que pour un être humain, des questionnement sur la structure en parallèle, des maquettages profonds… Bref la vie quoi ? On a enregistré au studio Supadope avec Christophe Rochon aux prises et Nicolas Matagrin au mix, les deux perles de ce bébé…

Pourquoi ce titre ?

Evidence. Qui s’est imposée. Parce que c’est ça le plus vital, dans la vie.

Comment avez-vous organisé l’ordre des morceaux ? Quelle histoire vouliez-vous raconter ?

On a surtout pensé énergie, les passerelles entre les histoires sont infinies, pour avoir changé de setlist moult fois, on le sait bien, le sens se fait tout seul, si il y en a besoin, l’énergie c’est le combat ; et cette énergie a été sublimé par Matthieu Monnot en mastering, Allah ou à lui aussi.

Pourquoi attaquer sur l’ « Ave Maria » de Schubert ?

Facilité ? Hihi…

L’album est composé de nouveaux morceaux et d’anciens titres. Comment avez-vous travaillé ces chansons pour les approfondir et les mettre à niveau avec le corps de l’album ?

On a voulu améliorer les anciennes, leur donner plus de dentelles, et aussi poser celles qui n’avaient pas eu leur place dans le premier EP, tout ça dans une volonté de corps, comme tu dis, ma poule.

On a eu 2 périodes d’enregistrement espacées de 6 mois, et avant chacune on s’est fait 10 jours de maquettage à deux, de réflexions sur les arrangements, les ambiances, on a fait l’essentiel des choix à ces moments là pour être prêts aux prises, au niveau de la proposition esthétique, même si on n’est jamais vraiment prêts, oulala…

Parlez-moi du morceau « Gregory ». Pourquoi cette référence à peine voilée à l’affaire Villemin ?

Euh, sûrement une réminiscence de C’est arrivé prêt de chez vous. Ca parle d’un enfant soumis à la folie d’un adulte. C’était sûrement le cas du petit Villemin. Et d’autres Grégory aussi. Et de Georges. Sabine. Jocelin. Pleins de petits minets.

Selon vous laquelle de ces 13 chansons définit le mieux la notion d’amour ?

« J’aime » j’imagine…

Quel impact voulez-vous avoir sur vos auditeurs ?

De force 8 sur l’échelle de Richter ; une douce secousse étonnante dont tu te rappelles toute ta vie en tant qu’européen à l’abri de tout cataclysme hormis bombes et chimies.

L’album a été préparé en résidence aux Subs de Lyon. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

De l’amour ! Christophe et Nico nous ont énormément appris et soutenus. Ils ont adhéré à nos folies en bloc (Je penses à toi, Chris, quand 30 fous sont venus chanter sur « Aaah les filles »…) et notre incompétence « on recale non là ça groove pas… ». Eh oui c’est le premier ! Nouvelles expériences pour nous ! En plus ce studio est génial, le matériel et le lieu sont un cadre idéal pour une immersion dans le teuteu.

Vous avez filmé les étapes de votre travail d’élaboration aux Subs : pourquoi vouloir communiquer sur ce point ?

C’était passionnant de voir à quel point on est des jolis loosers, et comment ça fait contre-point à nos personnages du live, qui jusque-là nous protégeaient, on avait communiqué qu’avec ça jusque-là. Depuis ces petits making off, on se dévoile plus, on essaye de bosser notre sincérité et de sortir un peu du lourd carcan que nous impose le cabaret. On est surtout des amateurs un peu dingos qui faisons de la musique.

La scène et le live

Comment définissez-vous votre rapport à la scène ? Concert ? Cabaret ? Burlesque ? Théâtre ? Chansonnier?

Aaaah justement ! Eh bien tout ça, mon canard ! Oui, un vrai concert en premier, on recherche de plus en plus ça, d’ailleurs nous avions travaillé avec des amis danseurs, metteurs en scène, clowns qui ont vachement insisté auprès de nous pour nous faire voir que notre énergie première c’est le rock qu’on délivre avec l’ambiance étrange que l’on pose. Pas besoin d’alexandrins et de monologues. Ensuite tout les reste est suggéré, par bribes apparitions, ça plane autour de nous. Mais on traite de rock.

L’album introduit des orchestrations complexes (les chœurs indiens sur « Aaah les filles ! »). Comment allez-vous faire pour les restituer sur scène en étant deux ?

On ne le fera pas parce qu’on est des idiots et qu’on en a rien à foutre. Non, on ne peut pas (pas assez nombreux, trop mauvais) et on ne veut pas. Pourquoi faire ? La vraie question qu’on a abordée sur l’album, c’est comment retranscrire cette atmosphère complexe des concerts ? En trichant. En recréant des images que les gens se créent tout seuls en live. Pas besoin pour nous pour le moment de le reproduire en live, le public doit bosser, merde ! Mais on dit ça maintenant et puis sûrement que de p’tites idées vont venir ré agrémenter les morceaux petit à petit…

Qu’est-ce qui va évoluer dans vos prochaines prestations scéniques ?

On espère pouvoir proposer des nouveaux morceaux et puis on a grandement besoin d’enquiller des dates pour gagner en musicalité et en complicité.

Demain Brice et sa pute, ça sera quoi ?

Une grosse tournée entre mars et avril ! Enorme ! Démesurée ! Pour propager l’évangile selon Saint Brice et envoyer de l’amour au travers des barreaux !

Et puis après, peut-être qu’on en aura marre, qu’elle mettra une robe à carreaux, qu’il fera de la guitare synthé et que y’aura pleins de boucleurs, de delay, de fuzz, de boost, de freeze, de disto, de préamp, de compression… Mais il y a du temps encore. Le pois est encore à la mode…

Merci à Marie et Pierre, pour leurs réponses.

J’ai adoré « mon canard » et « mon p’tit chat ».

Attention Amour est un petit bijou musical !

Cf notre chronique.

https://www.theartchemists.com/2012/11/26/album-brice-et-sa-pute-amour/

Il y en a deux exemplaires à gagner.

Vous connaissez la formule magique pour participer :

RDV sur la page facebook The ARTchemists que vous likez au passage

(non pas au bas de cet article, ça compte pas, faut aller sur notre Facebook),

Puis un petit tour par l’annonce de cet article que vous likez/commentez.

Pas de panique on a ouvert une case concours dans les albums photos

donc vous ne serez pas perdus au milieu des autres textes.

On s’occupe du reste !!!

Et plus si affinités

http://www.myspace.com/briceetsapute

http://briceetsapute.bandcamp.com/

http://www.facebook.com/briceetsapute

Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com