De Pina Bausch à Jérôme Seydoux Pathé : deux nouvelles fondations artistiques

Invité à la Tanzmesse de Düsseldorf par les services culturels nord-rhénano-westphaliens, nous avons eu l’occasion de découvrir la Fondation Pina Bausch, récemment créée par le fils de la chorégraphe, Salomon, à Wuppertal. Quelques jours après cet événement, grâce à la direction de Gaumont-Pathé Archives, nous avons pu nous rendre à l’inauguration d’un nouveau lieu dans le paysage parisien, l’espace de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, où nous accueillait Sophie Seydoux, sa présidente…

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Fondation Pina Bausch : 3 étages d’archives, 40 ans d’histoire et 53 spectacles

Chaleureusement reçus par Salomon Bausch (président-directeur-général de la Fondation Pina Bausch qu’il a créée en 2009), guidés par Titus Köhler (coordinateur du projet), Clara Bauer (responsable de la numérisation des archives), Angela Deussen (chargée de la numérisation photographique) et Ismaël Dia (responsable des archives audiovisuelles), une demi-douzaine de participants de la Tanzmesse de Düsseldorf ont pu se rendre compte, de visu, de l’avancement du travail de classement, de documentation et de numérisation de la masse d’archives et d’objets concernant 40 ans d’histoire de la compagnie de danse, soit 53 spectacles, en accédant aux trois étages du petit immeuble abritant la structure, situé à dix minutes à pied du Tanztheater de Wuppertal.

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Les espaces réservés aux archives sont tous climatisés. Les documents papier sont rangés à plat dans des boîtes, elles-mêmes enfermées dans des armoires métalliques. Une partie considérable provenant du Théâtre de la Ville est en cours d’inventaire et de traitement, les affiches étant conservées elles aussi à plat, ni pliées ni roulées. 38.000 photos, 3.900 vidéos et autant de costumes ainsi que plus d’un millier de programmes ont déjà fait l’objet d’une numérisation. La fondation développe une base de données avec l’aide de l’Université de Darmstadt. Nous avons eu le privilège de visionner sur grand écran la vidéo (en noir et blanc) de la première pièce chorégraphiée, mise en scène et interprétée, entre autres, par Pina Bausch, Fritz (1973) dans une émouvante captation signée Rolf Borzik.

www.pinabausch.org

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Fondation Jérôme Seydoux-Pathé : une résurrection architecturale pour un patrimoine cinématographique considérable

De l’ancien cinéma de l’avenue des Gobelins, on n’a conservé que la façade, classée, ornée il est vrai d’un bas-relief (haut placé au-dessus de la porte d’entrée), sculpté en 1869 par Auguste Rodin et destiné ce qui était alors le Théâtre des Gobelins, représentant le Drame (un homme) et la Comédie (une femme, comme de bien entendu !). A l’intérieur, un immeuble de cinq étages à échelle humaine, respectant les normes haussmanniennes, caparaçonné, cuirassé, isolé des intempéries par une protection en grande partie translucide, dure et légère à la fois, une structure inspirée par la carapace du tatou (animal-totem et même… tabou dans la culture précolombienne, faisant partie de l’ordre des « sans dents », c.à.d. des oryctéropes et autres xénarthres), le tout imaginé, dessiné et décidé par l’une des figures de l’architecture, Renzo Piano.

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L’architecte a résolu la quadrature du cercle en étirant sa structure cylindrique au maximum (quitte à frôler les fenêtres des bas étages des habitations environnantes) et en la déformant aussi le cas échéant, compte tenu des contraintes spatiales (la largeur est réduite à 5 mètres à l’entrée et ne dépasse pas les 16 mètres à l’intérieur). La luminosité du cœur cristallin du dispositif est telle que, une fois franchie la porte, on ne distingue plus l’intérieur de l’extérieur. Piano renouvelle ainsi le concept de patio. Les étages permettent de conserver et/ou de consulter les archives, en particulier le « non film », jusqu’ici difficilement accessible ainsi que des copies numériques ou des DVD reproduisant certaines des bandes cinématographiques (la partie pelliculaire étant gardée par ailleurs) s’agissant de productions d’une des plus anciennes majors du 7e Art (Pathé date en effet de 1896). L’espace des bureaux et celui réservé aux chercheurs fonctionne déjà parfaitement. Une partie de la collection d’appareils de tournage, 500.000 photos de films, des catalogues, des scénarios, 4.500 affiches roulées relatifs aux 10.000 films (dont 9.000 muets) de la firme sont conservés dans des espaces climatisés et des armoires anti-incendie. Au sous-sol, une salle de projection d’une soixantaine de fauteuils sera dédiée aux trésors du muet.

http://fondation-jeromeseydoux-pathe.com

Nicolas Villodre

Posted by Nicolas Villodre