Marsatac 2011 / Les dessous d’une émeute musicale : le rôle du régisseur

Comme je vous l’expliquais précédemment, mon court passage à Marsatac s’est surtout cristallisé sur la salle Seita que j’ai finalement peu quitté. Et comme d’hab dans ces cas-là, à force d’aller et venir, on sympathise avec les techniciens qui bossent sur site.

C’est ainsi que j’ai rencontré Matthieu, le régisseur. Un régisseur professionnel, pas un bénévole. Mais ça fait quoi exactement un régisseur ? Une question que je me pose depuis un certain temps déjà. Je n’ai pas laissé passer l’opportunité. Car si les artistes, bookers, programmateurs et chargés de com’ sont essentiels dans l’organisation d’un festoche, les techniciens le sont tout autant sinon plus qui vont faire la qualité de la prestation musicale.

Aussi, à peine reparti de Marsatac, Matthieu recevait un petit mail avec les questions qui vont avec. Questions auxquelles il a répondu avec l’efficacité foudroyante d’un régisseur et un point de vue qui permet de mieux saisir la spécificité de ce festival, et la complexité de ses mécanismes.


Quel est ton travail ? Ton parcours ? Ta formation ?

Je travaille comme technicien du spectacle depuis plus de dix ans, j’ai appris le métier au sein de différentes structures et productions : le théâtre, les concerts, l’opéra. N’ayant pas de formation spécifique, j’ai commencé comme machiniste (technicien de plateau au théâtre/opéra pour le montage et la manipulation des décors) et comme « roadie » sur les concerts (aide plateau pour le déchargement du matériel et le montage de celui-ci). Puis j’ai évolué en fonction des opportunités qui se présentaient. Aujourd’hui, j’ai un réseau d’employeurs et je travaille en fonction de la demande, c’est très varié, il faut s’adapter à chaque fois !

Quelles étaient tes fonctions exactes sur Marsatac ? Qu’est-ce que cela impliquait concrètement ?

Sur un évènement comme Marsatac, je suis régisseur de scène ce qui implique la coordination technique et l’accueil artistique. Entouré d’une équipe de techniciens, il faut installer tout le matériel nécessaire (son, lumière, vidéo) dans un premier temps puis s’assurer du fonctionnement de celui-ci pour « l’exploitation scénique ».

Dans le cadre d’un festival, chaque groupe doit pouvoir jouer avec un confort optimal, selon ses habitudes, l’équipe technique doit répondre à ces attentes et préparer le plateau afin que l’artiste bénéficie des meilleures conditions. Chaque technicien a un rôle spécifique et je suis leur référent. Nous abordons ensemble les difficultés, les problèmes rencontrés et nous nous concertons afin d’envisager les meilleures solutions.

Il en est de même pour l’accueil des artistes, il s’agit de les recevoir à leur arrivée, les informer des horaires, faire en sorte qu’ils soient à leur aise, leur offrir un espace d’intimité. La plupart des groupes sont en tournée, ce qui est assez éprouvant et non sans aléas au niveau de la logistique. Un instrument ou du matériel peut-être défectueux, il nous faut trouver des solutions, dans la mesure du possible.

En quoi le travail de régisseur est-il essentiel dans le déroulement d’un évènement artistique de cette envergure ?

Le régisseur coordonne cet ensemble, il est le lien entre les différents acteurs : la technique, l’artiste et la production. Il faut que le déroulement se fasse sans encombre. Sur un festival, il est essentiel que les horaires soient respectés afin que chaque festivalier puisse organiser sa soirée selon le programme établi. C’est le public qui fait la réputation et la qualité d’un festival, il faut lui donner satisfaction.

Même chose pour les artistes, ils doivent être satisfaits des conditions que leur offre l’organisation… Le bon fonctionnement contribue à pérenniser ce type de manifestation et de nos jours, c’est un argument essentiel. L’organisation d’un festival comme Marsatac réclame un travail colossal notamment auprès des institutions et des différents partenaires. C’est un évènement important pour Marseille et apprécié du public, il faut continuer sur cette lancée.

Participer à Marsatac : quels enjeux (techniques ou autres) ? Quels problèmes ? Quelles satisfactions ?

Mars’ (pour les intimes) est un petit défi en soi. L’évènement est majeur mais ne dispose pas de moyens illimités, tout en restant très professionnel, ça tient davantage de la réunion de famille que de la grosse production évènementielle, c’est ce qui fait son charme aussi!

Je crois que chaque participant en a conscience et contribue par sa bonne volonté à la réussite de cette manifestation. D’un point de vue technique, les conditions ne diffèrent guère des autres festivals. Chaque festival a sa particularité de fait et dans le métier, chacun sait s’adapter rapidement.

Tu avais à gérer la scène Seita : quelles étaient les spécificités de cette salle ?
Comment t’es-tu adapté aux réalités techniques ? Aux différents groupes ?

La salle Seita est d’habitude une salle dédiée au théâtre, complètement noire. J’aime beaucoup cette salle assez rudimentaire d’un point de vue technique. Bien loin du confort des salles modernes, elle n’est pas sans rappeler les clubs de rock des années 80/90 : une jauge moyenne, deux portes, un public très proche de la scène et pas de climatisation… Le charme un brin nostalgique mis à part, l’acoustique y est bonne, les artistes et le public très enthousiastes de cette proximité.

L’ambiance est toujours très festive et chaleureuse, ça fait plaisir à voir ! De plus, la scène accueillait principalement des artistes émergents ce qui a contribué pour beaucoup à cette ambiance particulière de belles rencontres. Le plateau est suffisamment grand pour accueillir plusieurs groupes, donc assez facile à travailler même si une scène s’encombre très facilement…

Marsatac 2011 : était-ce ta première fois ? Quel est ton bilan ?
Qu’as-tu pensé de l’ambiance du festival ? En quoi diffère-t-elle des autres festivals auxquels tu aurais pu participer ?

Ma première participation à Marsatac remonte à 2008, c’est donc ma quatrième édition. Outre les bons chiffres concernant l’affluence (trois soirs complets), nous avons tous clairement ressenti que le festival avait fait un grand pas en avant. La programmation était riche et bien équilibrée, l’organisation était bien rodée et il règne toujours cette bonne ambiance due en grande partie à la participation des bénévoles. Leur enthousiasme et leur énergie contribue pleinement à la dynamique du festival.

Et puis au-delà du simple évènement musical, Marsatac est porteur de beaux projets tout au long de l’année, sollicite les talents, invite à la prise d’initiative et se veut rassembleur. Je crois que c’est cet ensemble qui fait la personnalité et les atouts de l’évènement. Et malgré la fatigue, je n’ai vu que des gens contents d’y travailler. C’est une belle bourrasque en plein milieu de la rentrée, pas tout à fait le vent de la révolte mais une belle idée !

Merci à Mattieu pour son temps et ses réponses.

Et plus si affinités

http://www.marsatac.com/

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com