Elle l’a bien cherché : le viol sous toutes les coutures …

Et depuis A jusqu’à Z. Un long processus judiciaire que la réalisatrice Laetitia Ohnona déroule sur cinquante minutes étouffantes, avec le très juste mais néanmoins pénible Elle l’a bien cherché. Une phrase que plus jamais vous ne prononcerez après avoir visionné ce documentaire où l’on découvre le calvaire de celles qui osent porter plainte (16 000 victimes environ sur les 200 000 cas dénombrés en France).

Tout commence dans les locaux de la police où il va falloir justifier sa plainte devant des enquêteurs enclins à la méfiance, qui, patiemment, vont démêler le vrai du faux. Pas toujours évident entre les dénégations de l’accusé, le poids de la famille, la honte de la victime … Le passage à l’hôpital n’est pas évident non plus, prélèvement des indices, consultation gynéco, traitement de tri thérapie, entretiens avec le psy … et derrière l’avocat, la préparation du procès, l’audience … avec un sentiment de culpabilité épouvantable, la conscience d’une salissure infinie …

Et le regard des autres, leur compassion, leur jugement … Devant nous, des femmes de tous les âges, de toutes les conditions, qui ont été agressées par un proche, un ami … ou quelqu’un qu’elles ont croisé dans la rue. Mineures, matures, dans une soirée ou chez soi … Terrorisées, traumatisées, qui vivent ensuite dans la peur …

Obligées de reprendre sans cesse le récit de leur calvaire devant des auditeurs qu’il faut convaincre, encore et encore. Comme pour demander pardon, et malgré les tentatives répétées du corps médical et judiciaire pour les soulager. Le spectateur ne pourra échapper à un profond sentiment de honte, devant ce que subissent ces femmes, et devant le positionnement social qui trop souvent en fait des allumeuses qui ont largement participé à leur destin.

C’est le plus insupportable, et on le comprend durant la séquence du procès quand l’avocate évoque la pitié du jury … pour l’agresseur. Un comble ? Non, une constante. Le réflexe est ancré depuis des siècles, la femme est fautive, responsable, en partie au moins. L’approche de Laetitia Ohnona le met en lumière, de même qu’elle nous met en face d’une réalité triste et quotidienne, loin des excès cinématographiques, du pathos de la fiction.

L’isolement de ces femmes est terrible. Terrible. Et nous voyons ici celles qui ont le courage d’entrer dans un commissariat, où elles sont du reste accueillies avec respect et dans l’écoute. Quid des milliers d’autres qui se taisent ? Le mystère demeure, mais prions pour que ce film, si elles le voient, puisse leur donner un peu de courage et les soutenir, les convaincre qu’elles n’y sont pour rien. Pour rien.

Et plus si affinités

https://www.youtube.com/watch?v=nsXzNXIeI2o

Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.