Album : Askehoug ! – Je te tuerai un jeudi

Rien que le titre en dit long sur ce Monsieur.

Punk, dandy, poète, … Bashung, Gainsbourg, Beastie Boys, … d’autres ont écrit ou prononcé ces noms avant moi. Difficile de passer derrière … Qu’ajouter après pareils éloges ?

Qu’Askehoug a une gueule, un regard, une voix, une présence qui captent l’attention, la retiennent, l’enlacent ? Qu’en séducteur émérite, il sait transmettre ce pouvoir de fascination enrobante et langoureux dans chacune de ses notes, chacune de ses paroles ? Que, fait rare, sa musique et ses mots s’équilibrent parfaitement, sans se ronger ni se concurrencer ? Qu’on pourrait écouter séparément les mélodies et textes de Je te tuerai un jeudi sans y perdre une once d’intensité ? Que la complémentarité des deux expressions se vit comme une évidence ?

Je passe sur la kyrielle de prix et de récompenses qui couronnent ce travail. demeure un artiste qui pense ses mélodies comme des poèmes, ses phrases comme des musiques. Osant les thèmes les plus délicats, jonglant avec le narcissisme détaché comme d’autres charmeraient un cobra. Renouant avec les plus grands moments de la littérature sans pour autant jouer la redite ou la nostalgie artistique.

« Et si maintenant, j’vous parlais d’mon corps ? » : « Epidermique de l’homme » s’essaye ainsi à ce troublant exercice de l’autoportrait devenu « Ecce homo » moderne, coquin et pudique à la fois, troublante et féconde introspection. « Meuf et mec » se veut un jeu subtil et nonchalant sur les sonorités, chaque monème rebondissant en écho sur les touches de piano. Un énorme, énorme coup de cœur pour le discours scientifique, froid et ironique qui scande la musique sinueuse et caressante de « Sociologie de l’homme » : un tableau saisissant et sans pitié de nos travers humains.

Et Monsieur de soudain nous faire sentir tout petits, fragiles … et bien risibles. François Villon, Clément Marot et Du Bellay auraient adoré, Rimbaud n’aurait pas boudé son plaisir, Jules Laforgue aurait souri devant ce regard faussement blasé, tendre et pudique, légèrement désabusé et sagement fataliste sur les rapports sociaux, cet étrange, insaisissable et factice sentiment qu’on nomme trop facilement amour quand il ne s’agit que de manque affectif et de rapport de force.

Desproges en musique ? Troubadour ironique ? En tout cas Monsieur le Tueur verbal, une chose : continuez à nous homicider de cette jolie façon, le jeudi, le vendredi, le samedi aussi et les autres jours, … longtemps, à l’année, … nous aimons.

Et plus si affinités

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Delphine Neimon

Posted by Delphine Neimon

Fondatrice, directrice, rédactrice en chef et rédactrice sur le webmagazine The ARTchemists, Delphine Neimon est par ailleurs rédactrice professionnelle, consultante et formatrice en communication. Son dada : créer des blogs professionnels. Sur The ARTchemists, outre l'administratif et la gestion du quotidien, elle s'occupe de politique, de société, de théâtre.

Website: https://www.theartchemists.com